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D’Atlanta à Orlando… en passant par Houston - Les délégations CATEL et SwissEnov tirent des premiers enseignements
14 mars 2024 - 09:43,
Actualité
- DSIH, Par Delphine GuilgotNumérique et Qualité de Vie au Travail
Pour cette édition, SwissInnov avait choisi d’axer son voyage d’étude autour de deux thématiques : la digitalisation au service de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et le rôle des clusters dans le développement de l’innovation. Pour aborder ces sujets, ils ont visité l’hôpital méthodiste de Houston et découvert son organisation innovante, construite autour des datas. Leur exploitation, via un command center, ouvre en effet de nouvelles perspectives, dont notamment celle de permettre aux professionnels de profiter du télétravail. Un concept inimaginable il y a pourtant peu de temps. Au centre médical MD Anderson, l'un des trois plus grands centres de lutte contre le cancer des États-Unis, la data et ses usages étaient aussi au centre des échanges, avec leur corollaire, la cybersécurité, un autre sujet fort du programme 2024 du Congrès.
Les datas, l’IA et encore l’IA
S’il y a d’ailleurs bien un sujet qui fait consensus autour de la table, c’est de constater à quel point l’Intelligence Artificielle est désormais prégnante dans la santé. Certain, circonspects sur les process, proposent d’agir avec prudence, notamment concernant le requêtage et la façon dont on les utilise. Les membres des deux délégations s’accordent d’ailleurs sur la nécessité de partir des datas sources et non de celles déjà interprétées. « Si le système apprenant de l’IA est extrêmement impressionnant, il n’en reste pas moins que l’humain doit valider ces projections, » rappelle Jacqueline Hubert, consultante et membre de la délégation SwissEnov. Mais elle prévient aussi : « L’IA qui finit par contrôler l’IA, cela questionne. Quid de l’œil humain du radiologue dans 20 ans quand le professionnel n’aura connu que cela ? »
Le sujet du soin virtuel interroge également nos experts. L’hôpital méthodiste de Houston a développé une approche de la surveillance des services internes à l’hôpital qui dérange notre culture européenne. Des caméras suivent ainsi en permanence les mouvements des patients jusque à l’intérieur de leur chambre. A moindre échelle, l’idée est un peu la même au Emory Cancer Institute d’Atlanta qui géolocalise, à l’intérieur de l’établissement, ses patients comme ses professionnels.
Un environnement et un mode de fonctionnement américains propices à l’innovation
Évidemment, le déploiement des technologies innovantes de santé aux Etats-Unis impressionne. Nous en sommes encore loin en France. Les deux délégations ont également pu constater comment les entreprises, les institutions, les start-up et les professionnels de santé y sont accompagnés par des clusters puissance 1 000, comme le TMC Factory de Houston ou le 11TEN Innovation Lab d’Atlanta. Là encore, les moyens mis à disposition sont gigantesques, qu’ils soient techniques ou en ressources humaines, et les échelles de valeur avec la France incomparables.
Et pourtant, cela n’empêche pas les représentants francophones d’être fiers du travail accompli dans leurs établissements. « Nous n’avons pas à rougir, » se défend Sonia Rasle, DSIO du CH Métropole Savoie et DSI du GHT Savoie-Belley. « Avec des moyens bien moindres, on arrive à faire aussi efficient, » continue-t-elle.
La délégation CATEL, par exemple, n’a pas ressenti d’effet « Waouh » lors de la visite de la pharmacie du Emory Cancer Institute d’Atlanta … ou du moins pas d’un point de vue technologique. Évidemment la technologie est partout, mais plus que des PC de dernières générations, ce sont deux autres éléments qui ont plus particulièrement marqué les esprits.
Et si l’innovation n’était pas là où on l’imagine ?
D’abord, la réalisation, dans un hangar, d’une immense maquette en carton pour reconstituer le projet architectural et vérifier, avant la construction, que tout est à sa bonne place, au bon endroit. Ou comment un carton peut-être plus efficace que des maquettes 3D…
« L’innovation de la pharmacie, c’est un monte-charge ! » plaisante ensuite Pascal Bonnabry, pharmacien-chef des Hôpitaux de Genève. Un monte-charge imaginé pour faciliter les transports des traitements médicamenteux entre les étages. Une idée révolutionnairement basique mais qui fonctionne !
Et si la véritable innovation était dans leur concept d’organisation ? Félix Mamoudy, Directeur de la transformation et de l’Innovation de l’Hôpital américain de Paris, applaudit la vision globale avec laquelle les établissements américains envisagent la transformation. « Ils ne conduisent pas de projets informatiques, mais des projets d’institution systémiques. » Là est toute la différence ! L’établissement d’Atlanta a ainsi véritablement placé le patient au centre de sa réflexion en imaginant une organisation et un bâti dans lequel il n’a pas ou peu à se déplacer. Ne pas imaginer l’organisation autour d’un système d’information, mais utiliser le système d’information pour appuyer une nouvelle organisation plus efficiente, là est le secret.
Un souffle d’air frais US sur les délégations françaises
La méthode de travail américaine est également inspirante pour les membres des deux délégations. Il s’agit de travailler en pluridisciplinarité, pour proposer des innovations médicales, dans le cadre d’une organisation largement réfléchie en amont, et au sein de locaux adaptés. « Car au fond, la technologie est là, elle existe. Elle est déjà opérationnelle », rappelle Félix Mamoudy. « Le vrai sujet, c’est la réflexion sur les bonnes pratiques. Est-ce que, en France, le marché et les organisations sont assez matures pour les accueillir ? » interpelle-t-il.
Plus qu’une méthode de travail, l’esprit US fait son chemin dans les rangs des représentants français, comme le constate Stéphan Haaz, directeur général du CATEL, qui salue le management et le leadership des équipes de directions des établissements américains, qui « n’hésitent pas à mettre en avant les réussites, et réalimentent ainsi continuellement la motivation de leurs équipes ».
L’approche américaine des technologies de santé n’en finit donc pas d’animer les participants, et notamment cette attention constante au ROI. Ils ont en effet à cœur d’en montrer les impacts réels dans le quotidien des gens et des professionnels. « Prenons l’exemple d’EPIC qui communique sur son stand sur les 15 000 suicides évités par leur DPI » explique Pascal Bonnabry. « C’est comme cela que l’on doit évaluer les outils. Et, pour cela, il faut choisir les bons indicateurs », continue-t-il. A bon entendeur…
(1) /article/5435/winship-cancer-institute-d-atlanta-un-centre-oncologique-a-la-pointe-1-2.html