Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Informatisation de la vaccination Covid : opportunités et menaces

19 jan. 2021 - 10:51,
Tribune - Cédric Cartau
Ça y est, elles démarrent enfin : les grandes manœuvres de la vaccination ont été lancées ces derniers jours. L’administration est comme un diesel : c’est long à chauffer, mais quand ça démarre, c’est du lourd : distribution massive de vaccins, organisation à la vitesse grand V de centres de vaccination un peu partout sur le territoire, informatisation de la prise de RDV par le biais de trois prestataires retenus par le gouvernement (Doctolib, Maiia et Keldoc), saisie des informations de vaccination dans un logiciel institutionnel, etc.

Une telle opération à une telle échelle est une première, et la collecte d’une telle masse de données aussi. L’expert IT ne peut que se poser la question de savoir ce que l’on va pouvoir faire d’un tel gisement – à part éviter de le mettre dans Facebook ou WhatsApp, ce qui du reste revient au même.

En termes industriels, la vaccination est modélisable sous la forme d’une chaîne de production : des éléments « entrent » dans le processus (patients, vaccins, seringues, etc.), des éléments de la « chaîne » de vaccination soumis à leurs propres contraintes (plages horaires, locaux, personnels, etc.) sont mis en œuvre et au final on « sort » un patient de la chaîne, avec un sparadrap sur l’épaule et la satisfaction d’être vacciné (au bout de la seconde injection). Goulots d’étranglement il y aura, il y en a toujours dans une chaîne de production, comme l’enseigne la théorie des contraintes (Le But, Eliyahu M. Goldratt) : sont à prévoir une pénurie temporaire de doses, de seringues, de plages horaires de vaccination… ou tout simplement de patients à vacciner – et la même théorie enseigne qu’il y a rarement plus d’un facteur à la fois, et qu’il se déplace tout le temps – c’est ça piloter une chaîne de production dans une usine. L’exploitation massive des données collectées permet de prévoir avec des jours ou des semaines d’avance la survenue de ce goulot et d’adapter la capacité de la « chaîne » de production. Les formules qui permettent d’extraire ces informations sont connues depuis des décennies : c’est de la bonne requête SQL bien chiadée, mais rien de nouveau sous le soleil.

En termes de santé publique, les données de vaccination collectées sont aussi très précieuses : âge, provenance géographique, antécédents éventuels des vaccinés, etc. Observer l’évolution de la protection de la population en fonction de n’importe quel critère, croiser les données avec le taux d’infection, calculer/prédire/réévaluer le R0 en fonction d’une tripotée de critères, adapter les mesures de restriction dans telle ou telle ville, voire tel ou tel quartier, pour telle ou telle tranche d’âge : les statisticiens vont avoir du boulot pendant les prochaines semaines.

On peut aussi faire de grosses bêtises avec ces données. Si un Vladimir ou un Kim avait dans l’idée de confiner les non-vaccinés, avec des contrôles du « passeport vaccinal » par la maréchaussée disposant d’un terminal connecté à la base centrale, rien de plus simple. Simple aussi de mettre en place une décote additionnelle dans le remboursement des actes médicaux en fonction de l’état de vaccination de l’assuré social (il y a bien un bonus/malus pour les assurances véhicules), voire d’interdire l’accès à certains lieux, à certains emplois en fonction du badge carte Vitale dûment mis à jour ou non avec les données de vaccination. Si vous pensez que c’est de la SF, je rappelle que la technologie existe, qu’une simple décision politique suffit pour la mettre en œuvre et que l’état d’urgence permet d’avoir les coudées franches.

Ah ! j’allais oublier : bien ou mal, ange ou démon, dans tous les cas, ce que nous ferons de ces données, nous sommes en mesure de le faire seuls, sans recourir à un tiers yankee. Non vraiment, à quoi ça sert le Health Data de Micromou ?

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Pourquoi NIS 1 n’a pas produit grand-chose, et pourquoi NIS 2 ne sera pas la version ultime

Pourquoi NIS 1 n’a pas produit grand-chose, et pourquoi NIS 2 ne sera pas la version ultime

01 déc. 2025 - 21:28,

Actualité

- DSIH

À l’époque maintenant lointaine où les pouvoirs publics s’interrogeaient, à juste titre, sur l’informatisation à grands pas des données de santé et des impacts à prévoir sur l’hébergement physique, les considérations étaient somme toute assez simples : on ne peut pas confier un hébergement physique ...

Illustration Adopt AI 2025 : la santé passe à l’échelle, sous le regard du terrain hospitalier

Adopt AI 2025 : la santé passe à l’échelle, sous le regard du terrain hospitalier

01 déc. 2025 - 11:56,

Actualité

- Morgan Bourven, DSIH

L’Adopt AI International Summit 2025 s’est tenu les 25 et 26 novembre dans le cadre prestigieux du Grand Palais. Artefact y a accueilli près de 20 000 participants, 600 intervenants et 250 exposants, avec un moment fort : la venue du président Emmanuel Macron. Pensé comme un lieu où les idées se tra...

Le moment Spoutnik de la cyber

24 nov. 2025 - 22:22,

Tribune

-
Cédric Cartau

En matière d’armement, on dit que ce qui compte vraiment, c’est le nombre et la force. Mais surtout la force.

Illustration BRISS : Transformer la crise hospitalière en levier de résilience

BRISS : Transformer la crise hospitalière en levier de résilience

18 nov. 2025 - 09:35,

Actualité

- Rédaction, DSIH

La plateforme BRISS, portée par l'ARS et la FHF Bourgogne-Franche-Comté, révolutionne la formation des établissements de santé en France en proposant des séries immersives inspirées de crises réelles comme la cyberattaque du CH de Pontarlier en octobre 2025.

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.