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La convergence SI, un exemple immédiat
Revenons tout d’abord aux faits. Le déploiement d’Orbis a démarré en 2011 par trois sites pilotes (Ambroise-Paré, Bicêtre et Tenon), pour une généralisation qui a débuté en avril 2016 et se terminera en 2021. Vous noterez qu’il y a une contradiction entre ce paragraphe et le précédent : en lisant bien l’article de Tic Santé, on comprend que ce qui a été généralisé aux 39 établissements est le numéro unique d’identification des patients (IPP : Identifiant permanent du patient) au sein de tout le groupement, mais que les fonctionnalités du progiciel sont toujours en cours de déploiement, dont la fin est prévue pour 2021.
Ce que cela ne dit pas, d’abord. Quand on déploie un DPI, la question à poser est simple : quelles fonctions retenir ? En effet, au sein d’un DPI généraliste tel Orbis, il existe de nombreux modules : courriers médicaux, dossiers de soins, prescriptions, dossiers de spécialité, etc. Ces modules sont parfaitement décrits dans la norme HIMSS (dont vous trouverez ici [2] le modèle en huit couches, versions US et européenne), laquelle recommande bien évidemment de partir des niveaux les plus bas pour monter progressivement – ce n’est pas pour rien que le schéma en note se nomme « modèle de maturité » chez HIMSS. Naturellement, déployer seulement les niveaux 1 (informatisation labo + imagerie + pharmacie) et 2 (informatisation des comptes rendus médicaux) n’a pas le même coût qu’aller jusqu’au niveau 7 (data warehouse qui permet de faire du prospectif). Il y a trois ans, les équipes internes en étaient à déployer le niveau 2, et je doute qu’en trois ans elles soient parvenues jusqu’au niveau 7 (aucune précision n’est fournie à ce sujet dans l’article). Mais, même si la DSI ne s’est cantonnée qu’au niveau 2, la tâche est déjà considérable au regard de la taille et du nombre d’agents à former : tous ceux qui ont participé de près ou de loin au déploiement d’un DPI à grande échelle savent de quoi il retourne.
Ce que cela dit, enfin. L’article parle de la première étape, qui a consisté dans la généralisation d’un serveur d’identité unique (les IPP), puis d’un déploiement du DPI, supposons le niveau 2 de HIMSS. Et le tout en dix bonnes années. Vous conviendrez que cela ressemble furieusement à ce que les GHT sont en train de faire : poser le socle commun des identités patients avant d’engager la convergence des DPI. Dans certains des établissements de l’AP-HP, il existait – avant Orbis – des solutions de DPI locales ; le déploiement d’Orbis est donc une convergence de la brique fonctionnelle DPI, ni plus ni moins. Et c’est justement la partie intéressante. Les spécialistes du SI ne seront pas surpris par le fait que la convergence commence par les briques de base (l’annuaire patients). Les aficionados du débat entre « le même DPI pour tous » ou « un méta-DPI pour agréger les DPI existants » noteront quant à eux que le plus gros projet de convergence en France est parti sur la première solution. Et les décideurs noteront qu’il aura fallu dix ans entre le démarrage des sites pilotes et la fin de la généralisation – si tant est que l’échéance de 2021 soit tenue.
En 2015, j’ai réalisé une étude sur le temps qu’il faudrait pour converger vers un SI unique. La loi de santé 2016 était à l’époque toujours en discussion et les GHT n’étaient pas encore constitués, mais les « milieux autorisés » parlaient déjà de 2021 comme date limite pour la convergence des SI. Ma conclusion de l’époque était que la convergence ne pourrait pas être atteinte avant… 2030. Certains m’ont alors regardé avec condescendance, arguant que « la loi imposerait 2021, éventuellement 2022 ». Dans les faits, les GHT constitués pour la plupart en 2017 et qui ont commencé leurs travaux en 2018 mettront (pour les plus gros d’entre eux) au bas mot dix ans pour faire converger les DPI (ce qui nous mène déjà en 2028), sans compter qu’il n’y a pas que le DPI dans un SI, mais aussi les RH (bon courage), les Finances, la GEF, etc.
Aborder la convergence par le DPI pose un autre souci : certains prérequis ne sont pas réglés, par exemple l’existence d’un annuaire commun des agents de toutes les structures pour être en mesure de distribuer les identifiants et habilitations de la façon la plus automatisée possible – ce qu’on appelle un IAM. Certes, commencer par le DPI présente des avantages et non des moindres, telle la réponse au besoin de constitution des filières de soins. Mais il va falloir s’attaquer le plus tôt possible aux fondamentaux du SI comme celui qui a été évoqué. Il est d’ailleurs surprenant que la première brique n’ait pas été la partie financière.
Bref, ce n’est pas demain qu’on va s’ennuyer.
[1] https://www.ticsante.com/story/4862/le-dpi-orbis-desormais-deploye-dans-toute-l-ap-hp.html
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