Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Quelle responsabilité pour l’IA – la vision juridique, partie 1

11 juin 2019 - 11:22,
Tribune - Marguerite Brac De La Perrière
Quelle responsabilité pour l’IA ? A l’heure où le régime juridique des voitures autonomes en France est en train d’être précisé, un petit point d’actualité et un bref rappel du cadre légal existant permettent de trouver quelques éléments de réponse. 

Faisons tout d’abord un point d’actualité sur le régime juridique des voitures autonomes en France, et notamment sur l’expérimentation et régime d’autorisation. Bien conscient des enjeux, le législateur a dès 2015 [1] habilité le gouvernement à prendre, par voie d’ordonnance, toute mesure relevant du domaine de la loi afin de permettre la circulation sur la voie publique de véhicules à délégation partielle ou totale de conduite (ci-après VDPTC), à des fins expérimentales, dans des conditions assurant la sécurité de tous les usagers et en prévoyant, le cas échéant, un régime de responsabilité approprié. C’est ainsi que le 3 août 2016, une ordonnance relative à l’expérimentation de véhicules à délégation de conduite sur les voie publique [2] a instauré un régime d’autorisation accordée par le ministre des transports, dont les conditions de délivrance et modalités de mise en œuvre, ont été précisées par décret [3] et arrêtés [4], [5]. 

Ensuite, la Loi PACTE organise la responsabilité des acteurs. La circulation sur la voie publique à des fins expérimentales de VDPTC a été consacrée par la Loi PACTE promulguéele 22 mai dernie [6], laquelle : 

  • maintient le régime d’expérimentation ;
  • précise que le système de délégation de conduite peut être à tout moment neutralisé ou désactivé par le conducteur, lequel doit pouvoir reprendre à tout moment le contrôle du véhicule ;
  • et encadre la responsabilité des acteurs en cas d’infractions ou de dommages corporels.

Notamment, la Loi prévoit que les dispositions l’art 121 du code de la route ne sont pas applicables au conducteur pendant les périodes où le système de délégation de conduite, qu’il a activé conformément à ses conditions d’utilisation, est en fonctionnement et l’informe être en état de fonctionner régulièrement. Ainsi, le conducteur d’un VDPTC n’est pas responsable pénalement des infractions commises dans ce contexte.

Le conducteur redevient responsable « dès que le système de délégation de conduite demande au conducteur de reprendre le contrôle du véhicule. Il en va de même lorsque le conducteur a ignoré la circonstance évidente que les conditions d’utilisation du système de délégation de conduite, définies pour l’expérimentation, n’étaient pas ou plus remplies. »

La Loi ajoute « Si la conduite du véhicule, dont le système de délégation de conduite a été activité et fonctionne dans les conditions [normales [7]] contrevient à des règles dont le non-respect constitue une contravention, le titulaire de l’autorisation est pécuniairement responsable du paiement des amendes. Si cette conduite a provoqué un accident entraînant un dommage corporel, ce titulaire est pénalement responsable du délit d’atteinte involontaire à la vie ou à l’intégrité de la personne prévus [par le code pénal] lorsqu’il est établi une faute (…) dans la mise en œuvre du système de délégation de conduite ». 

Ainsi, désormais le titulaire de l’autorisation de circulation sur la voie publique d’un VDPTC pourrait être responsable pénalement, restera toutefois à prouver la faute…  

Or, compte tenu de ce qui précède, cette faute devrait a priori notamment s’apprécier, selon un mécanisme similaire à celui retenu en matière de produit défectueux, c’est-à-dire au regard de la sécurité à laquelle le conducteur peut légitimement s’attendre, au regard de l’autorisation dont bénéficie le titulaire ; et des informations fournies, d’une part dans le cadre des conditions d’utilisation du VDPTC, et d’autre part en cours de fonctionnement du VDPTC. 

Ainsi, il va sans dire que les termes des conditions d’utilisation de ces VDPTC doivent être particulièrement soignés, de même que ceux des CGU des applications notamment en matière de santé, lesquelles en définissant les fonctionnalités et le contexte d’utilisation, définissent les conditions de sécurité et d’usage auxquelles les utilisateurs peuvent légitimement s’attendre, et donc délimitent l’éventuel défaut de sécurité. 

A suivre…

L'auteur 
Margeurite-Brac-de-la-PerriereMarguerite Brac de La Perrière
Avocate, directrice du département santé numérique
Lexing Alain Bensoussan Avocats


[1]  

[2]  

[3]  

[4]  

[5]  

[6]  

[7] Loi Pacte, art.433° 2.1 : système de délégation activé conformément aux conditions d’utilisation + système de délégation de conduite en fonctionnement + système de délégation de conduite informant être en état d’observer les conditions de circulation et d’exécuter sans délai toute manœuvre en ses lieux et place

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Cybersécurité hospitalière : le GHT Rhône Nord Beaujolais Dombes, premier lauréat du programme CaRE

Cybersécurité hospitalière : le GHT Rhône Nord Beaujolais Dombes, premier lauréat du programme CaRE

09 mai 2025 - 16:39,

Actualité

- DSIH

Le programme CaRE franchit une étape clé. Moins d’un an après le lancement de son premier appel à financement dédié à la sécurisation des annuaires techniques et de l’exposition sur Internet, la direction du programme annonce la validation du premier dossier ayant atteint l’ensemble des objectifs fi...

Illustration Ce que nous enseigne la mégapanne électrique dans la péninsule ibérique

Ce que nous enseigne la mégapanne électrique dans la péninsule ibérique

05 mai 2025 - 23:11,

Tribune

-
Cédric Cartau

Impossible de l’avoir ratée, la mégapanne électrique chez nos amis espagnols et portugais. Cet incident est riche d’enseignements, et force est de constater qu’il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. D’abord, selon nos informations à ce jour, il n’y a eu aucune victime : c’est une bonne nouvelle.

Illustration Un hôpital, sous-traitant, sanctionné pour ne pas avoir déclaré les sous-traitants ultérieurs

Un hôpital, sous-traitant, sanctionné pour ne pas avoir déclaré les sous-traitants ultérieurs

02 mai 2025 - 16:13,

Tribune

- Alexandre Fievee, Gaétan Dufoulon et Alice Robert de Derriennic Associés

Par décision du 10 avril 2025 [1], l’autorité de contrôle espagnole a infligé une amende de 500.000 euros à un hôpital qui avait recruté des sous-traitants ultérieurs sans en informer préalablement le responsable du traitement.

Illustration Éthicovigilance numérique : premiers signaux d’alerte dans la santé connectée

Éthicovigilance numérique : premiers signaux d’alerte dans la santé connectée

24 avril 2025 - 15:14,

Actualité

- DSIH

La Délégation au numérique en santé (DNS) publie le premier rapport d’activité de la Plateforme d’éthicovigilance du numérique en santé, un dispositif inédit lancé fin 2023 pour recueillir les signalements d’usagers et de professionnels confrontés à des enjeux éthiques liés aux technologies de santé...

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.