Assurance informatique : sommes-nous bien protégés ?
Les coûts liés à la perte de production et à la reconstitution des données (à condition d’avoir des sauvegardes), par exemple, sont couverts dans le cas d’un dommage matériel uniquement.
Une perte de données liée à un sinistre autre que matériel ne sera pas couverte, et les cas peuvent être nombreux : logiciels malveillants, comme les cryptovirus [3], l’erreur de manipulation, le « bug » dans une procédure de sauvegarde… Du moment que la perte de données n’est pas liée à une « casse » matérielle, il est impossible de faire jouer la garantie.
De plus, la législation en matière de numérique se durcit, et il nous sera prochainement imposé d’alerter nos patients en cas de fuite de données, ce qui représente un coût, lui aussi non couvert par les contrats standards.
C’est là que les polices dites « de cyberassurance » peuvent apporter une réponse à ces nouveaux besoins non couverts par les polices « classiques ».
Le droit français apporte néanmoins quelques limites dans la capacité de garantie de ces nouveaux contrats. Contrairement à ce qui peut se faire aux États-Unis, il n’est pas possible en France de demander à un assureur la prise en charge du paiement d’une rançon lié à une infection par un rançongiciel [4], dont nos établissements de soins sont fréquemment victimes.
Il en est de même pour les amendes. Prenons un exemple datant de 2013, qui a secoué le secteur de la santé : le centre hospitalier de Saint-Malo, mis en demeure par la CNIL [5] de se mettre en conformité avec la loi Informatique et Libertés, le respect du secret médical et le consentement du patient sur l’accès aux données de santé. Il aurait en effet fourni à la société Altao, choisie par l’établissement pour réaliser des prestations d’optimisation du codage de l’activité, l’accès aux dossiers médicaux des patients et n’aurait pu demander le remboursement de ses amendes.
Avec l’évolution du numérique dans nos établissements, l’évaluation des risques et l’analyse du besoin est primordiale dans le choix de sa police d’assurance.
[1] Information Technology : secteur de l’informatique.
[2] Direction générale.
[3] Cryptovirus : logiciel malveillant appartenant à la famille des rançongiciels (voir plus bas) nécessitant le paiement d’une rançon pour obtenir la clé de déchiffrement permettant de récupérer les données prises en otage par son système de chiffrement.
[4] Rançongiciel : logiciel malveillant imposant le paiement d’une rançon afin de récupérer ses données ou son système pris en otage par ce logiciel.
[5] Commission nationale de l’informatique et des libertés.
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

BRISS : Transformer la crise hospitalière en levier de résilience
18 nov. 2025 - 09:35,
Actualité
- Rédaction, DSIHLa plateforme BRISS, portée par l'ARS et la FHF Bourgogne-Franche-Comté, révolutionne la formation des établissements de santé en France en proposant des séries immersives inspirées de crises réelles comme la cyberattaque du CH de Pontarlier en octobre 2025.
Digressions sur la cyber et les enjeux climatiques
17 nov. 2025 - 20:53,
Tribune
-Cela nous pendait au nez : l’époque est aux questions semi-existentielles sur les enjeux climatiques, et la cyber, longtemps restée à l’écart, voit le sujet arriver par différentes sources et sous différentes formes, dont l’amendement sur les enjeux climatiques de la 27001.

Santé et cybersécurité : à la Journée SSI Santé, Judith Nicogossian rappelle que la résilience commence par l’humain
17 nov. 2025 - 15:08,
Actualité
- Rédaction, DSIHC’est lors de la conférence de clôture de la Journée SSI Santé organisée par l’APSSIS, le 13 novembre 2025, que Judith Nicogossian, anthropobiologiste et spécialiste des interactions humain-technologie, a livré un message sans détour : dans les établissements de santé, la cybersécurité ne peut plus ...

Des milliers de médecins paralysés par une cyberattaque sur un logiciel de gestion
17 nov. 2025 - 11:14,
Actualité
- Rédaction, DSIHUn logiciel médical utilisé par 23 000 professionnels de santé a été pris pour cible par une cyberattaque d’ampleur, privant médecins et soignants de leurs outils numériques pendant plusieurs jours. Un retour forcé aux méthodes traditionnelles qui met en lumière la vulnérabilité croissante du secteu...
