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Intelligence artificielle en santé : entre progrès technologique et éthique, où en est-on ?
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Une révolution technologique déjà bien engagée
L’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur de l’innovation médicale. Selon le Dr Guillaume Herpe, 95 % du marché de l’IA en santé concerne la radiologie, et 50 % des centres radiologiques français utilisent déjà ces outils. Ils servent principalement à détecter les fractures, les cancers ou les risques cardiovasculaires, offrant ainsi un soutien précieux aux professionnels.
Le CHU de Poitiers fait partie des établissements pionniers dans ce domaine. Le premier outil d’IA déployé y fut un système d’aide à la détection de fractures aux urgences, capable de repérer plus rapidement les anomalies sur les radiographies. Résultat : un écart réduit entre le diagnostic de l’urgentiste et celui du radiologue.
Un second outil, utilisé en mammographie, illustre tout le potentiel de la technologie : le délai moyen de diagnostic, actuellement de six semaines, pourrait être considérablement raccourci grâce à l’IA. Ces innovations montrent que la machine n’a pas vocation à remplacer le praticien, mais à renforcer sa performance et sa réactivité.
Intelligence humaine et intelligence artificielle : une complémentarité essentielle
Le Pr Roger Gil a rappelé que, si l’IA excelle dans l’analyse de données et la reconnaissance de motifs, elle ne dispose ni de conscience ni de raisonnement éthique. L’intelligence humaine, à l’origine de sa création, demeure irremplaçable par sa capacité à douter, contextualiser, ressentir et faire preuve d’empathie.
« L’intelligence artificielle est un outil conçu par l’humain pour servir l’humain », a-t-il insisté, « mais elle ne peut remplacer la complexité de notre pensée, notre empathie, ou notre sens moral ».
Le Dr Herpe a renchéri sur ce point en évoquant la nécessité de former les médecins : « Les futurs praticiens doivent apprendre à utiliser ces technologies sans en devenir dépendants. Ils doivent garder leur esprit critique et savoir quand remettre en question les résultats d’un algorithme. »
Cette vision partagée souligne une conviction forte : l’IA doit rester un outil au service de la médecine, et non l’inverse.
Données de santé : la vigilance reste de mise
La question de la sécurité et de l’usage des données médicales a occupé une large part du débat. Le Dr Herpe a tenu à rassurer l’auditoire : les données exploitées par l’IA au CHU de Poitiers sont pseudonymisées avant tout traitement, et ne quittent jamais l’établissement. La réglementation européenne encadre d’ailleurs strictement ces pratiques, garantissant la confidentialité des informations personnelles.
Toutefois, des inégalités d’accès persistent : les établissements urbains sont mieux équipés que ceux des zones rurales, et certains pays restent exclus de cette révolution numérique. Le Pr Gil a rappelé que ces disparités ne sont que le reflet de fractures déjà existantes dans les systèmes de santé, que l’IA risque d’accentuer si elle n’est pas accompagnée de politiques publiques adaptées.
Conclusion : conjuguer innovation et humanité
La conférence a permis de dresser un état des lieux lucide de l’intelligence artificielle en santé : ses promesses sont réelles, ses avancées spectaculaires, mais ses défis demeurent considérables. Les intervenants ont appelé à une intégration réfléchie et éthique de ces outils dans les pratiques médicales, reposant sur trois piliers : la formation, la transparence et la protection des données.
Comme l’a résumé le Dr Guillaume Herpe « L’IA est un outil puissant, mais c’est à nous, humains, de l’utiliser de manière responsable et éthique. »
Une conclusion qui réaffirme le rôle central de l’humain dans la médecine de demain : la technologie peut assister le soin, mais seule l’intelligence humaine lui donne du sens.
Source : CHU de Poitiers – « Intelligence artificielle en santé, entre progrès technologique et éthique : où en est-on ? »(Carrefours santé, Fête de la science 2025)
www.chu-poitiers.fr
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