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CHU de Montpellier : « Pionnier de l’IA générative, notre hôpital traduit cette innovation dans toutes ses missions »
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DSIH - L’IA est-elle d’ores et déjà aux commandes des hôpitaux ?
Anne Ferrer - Non, c’est une chimère, nous n’en sommes qu’au début.
Vous parlez d’un tiers-lieu d’expérimentation à l’échelle du CHU de Montpellier. Concrètement, comment avez-vous structuré cette dynamique d’innovation au sein de l’hôpital ?
Il est communément admis que l’hôpital universitaire est un lieu privilégié d’innovation médicale. Ce qui est un petit peu moins fréquent et qui a du sens pour nous, c’est de traduire cette innovation dans toutes nos missions : soigner le patient, faire de la recherche clinique, instruire, gérer l’établissement... Nous avons par exemple développé DocSimulator, une plateforme d'examen clinique standardisé par l'IA qui permet d’enseigner dans une forme de compagnonnage un peu augmenté.
Directement ou indirectement, on est sans arrêt dans un jeu de vases communicants au cœur duquel il y a l’humain. On va soit retirer des tâches à nos professionnels pour leur permettre d’être meilleurs, soit ajouter des tâches par l’IA qui vont permettre d’aller plus vite et mieux.
Pourquoi investissez-vous sur l’innovation via l’IA ?
Le but est que l’hôpital soit le plus efficace et le plus efficient possible au bénéfice des patients mais aussi au bénéfice de nos professionnels.
Cela nous permet également de rendre le CHU de Montpellier attractif et ainsi d’attirer les meilleurs.
ERIOS joue un rôle central dans cette stratégie. Quel est-il ?
ERIOS est effectivement l’une des pierres angulaires du CHU de Montpellier, car il nous permet d’évaluer ce que nous développons (admissibilité sociale, pratique de l’individu...) et de repérer les hallucinations de l'IA.
Quel retour tirez-vous des premières expérimentations avec l’IA générative ?
On a par exemple réussi à évaluer pour la première fois de manière très détaillée les retours que nos patients ont envie de nous faire passer, qu’ils soient négatifs ou positifs.
Grâce à l’IA, cela ne nous prend pas plus de deux heures de faire tourner tous nos verbatim patients issus de 27 000 questionnaires avec des éléments ouverts et qualitatifs. Sans cette nouvelle technologie, on n’aurait jamais pu le faire ni corriger avec autant de précision les différents problèmes rapportés par les malades.
Quels sont les cas d’usage les plus prometteurs de l’IA générative en milieu hospitalier au-delà de ceux déjà expérimentés à Montpellier ?
Avec Microsoft, on a des cas d’usage qui sont en train d’être travaillés et qui commencent à être très prometteurs dans le secteur des marchés publics (temps, qualité...). On réfléchit également sur comment optimiser le temps de relation avec le patient.
Comment accompagnez-vous la transformation des métiers à l’hôpital face à l’introduction de l’IA ?
C’est tout à fait normal d’avoir de la résistance au changement. Au sein du CHU de Montpellier, nous avons constaté que les principales craintes des agents résident dans le fait qu’ils ne connaissent pas bien l’IA, qu’ils ont peur qu’on en fasse un mauvais usage ou qu’ils redoutent qu’on les laisse au bord du chemin.
Concernant le premier point, nous avons créé une association* afin d’expliquer clairement à nos professionnels et plus largement à nos citoyens ce qu’est l’IA (on fait d’ailleurs salle comble à chaque fois !).
Concernant le deuxième point, toutes nos données de santé sont préservées ou transférées de manière sécurisée et éthique, ce que garantit notre labélisation CNIL. Nous demandons également à tous nos patients l’autorisation d’utiliser leurs données, et quand ils ne sont pas d’accord, nous ne le faisons pas.
Concernant le troisième point, nous avons ouvert au début de l’année dernière l’école de la transformation hospitalière de Montpellier. Installé au cœur du CHU, cet espace offre la possibilité à tous les membres de notre structure de comprendre la manière dont on va introduire des nouveautés et comment on va les aider à monter la marche.
Enfin, je m’attache à ce qu’un fossé ne se creuse pas entre les générations, car les jeunes sont en général plus à l’aise avec l’IA que les séniors.
En quoi le partenariat avec Microsoft a-t-il été structurant pour aller plus vite ou plus loin ?
Comme le monde de la santé génère beaucoup de données, nous avons besoin de partenaires et nos partenaires ont besoin de nous.
Si on a par exemple envie de travailler sur nos process administratifs de bureau comme nos modalités d’achat, nos modalités de recrutement ou encore nos modalités de gestion financière avec des budgets colossaux, on a besoin de s’adosser à des outils et à des partenaires détenteurs d’une précieuse expertise. C’est tout le champ du dialogue que l’on a aujourd’hui avec Microsoft. Nos équipes communes se retrouvent régulièrement afin de développer des cas d’usage concrets et de les tester pour arriver à faire de l’hôpital une fonction publique augmentée au service du soin, de l’enseignement et de la recherche.
Quelle est la toute prochaine étape pour développer l’IA au sein du CHU de Montpellier ?
Nous avons une roadmap institutionnelle : Alliance Santé IA. Ce projet a été déposé lors d’un appel à projet de la DPI dont on attend les résultats avec beaucoup d’impatience et beaucoup d’espoir.
Quelles sont les prochaines étapes pour faire de l’IA un levier pérenne de performance et d’humanité dans le soin ?
Il faut qu’à chaque fois qu’on développe quelque chose au CHU de Montpellier, ce soit utilisable ailleurs.
Qu’entendez-vous par « ailleurs » ?
Je parle ici des autres CHU mais aussi et surtout des plus petits établissements de santé qui n’ont pas d’infrastructures capables de faire tourner des cas d’usage.
Le vrai enjeu, c’est que nos frais de structure baissent.
Que faudrait-il pour qu’un autre établissement puisse suivre votre trajectoire selon vous ?
Je l’inviterais d’abord à rejoindre le consortium Alliance Santé IA qui nous permet de faire des tests entre les différents établissements (Hospices civils de Strasbourg, Nice, Lyon...). Il pourrait aussi commencer par intégrer des petits cas d’usage que nous avons mis au point avec Microsoft, comme par exemple celui qui permettrait de gagner un temps considérable sur la liquidation des factures d’ambulance.
Le point de vue de Xavier Perret, Directeur de l'entité Azure au sein de Microsoft France

Microsoft intervient avec des solutions conçues pour décharger les professionnels de tâches répétitives, fluidifier les parcours de soins et moderniser les infrastructures numériques.
Parmi elles, Microsoft Dragon Copilot, assistant vocal IA unifié lancé en mars dernier, permet d’automatiser la documentation clinique et de faciliter la recherche d’informations, contribuant ainsi à réduire la charge administrative et à améliorer l’expérience soignant-patient. Microsoft propose également une infrastructure cloud sécurisée, reposant sur Microsoft Azure, certifiée HDS (Hébergement de Données de Santé). Cette plateforme permet aux établissements de santé de stocker, protéger et interconnecter leurs données sensibles dans un environnement conforme aux exigences françaises et européennes en matière de sécurité et de souveraineté.
Par ailleurs, Microsoft ouvre l’accès à l’IA générative via Azure OpenAI ou Azure Mistral aux établissements afin d’intégrer en toute sécurité dans leur système d’informations les meilleurs modèles de pointe. Cette technologie est déjà utilisée par des acteurs du secteur comme Doctolib, pour automatiser la rédaction des comptes rendus médicaux, ou Milvue, pour générer des rapports d’imagerie mais les cas d’applications se multiplient.
À travers ces offres concrètes, Microsoft met la puissance de l’IA au service de la santé, pour aider les établissements à devenir plus agiles, plus efficaces et plus résilients.
*L'association IA Montpellier Méditerranée.
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