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« La donnée, c’est le socle de la transformation » Entretien-vérité avec Dominique Pon sur l’avenir du numérique en santé

11 mai 2025 - 18:19,
Actualité - DSIH, Dominique Pon (La Poste Santé & Autonomie)

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Illustration « La donnée, c’est le socle de la transformation » Entretien-vérité avec Dominique Pon sur l’avenir du numérique en santé
Deux ans après la création de La Poste Santé & Autonomie, Dominique Pon, son Directeur Général, en expose les fondements, les choix structurants et ses priorités. À la veille d’une intervention attendue au salon SantExpo, il aborde sans détour les enjeux du numérique en santé : stratégie industrielle, bilan technique, souveraineté, architecture des systèmes. Avec un fil rouge clair : la donnée est au cœur du réacteur.

capture-d_ecran-2025-05-11-a-182549.pngPourriez-vous nous rappeler brièvement les raisons pour lesquelles le Groupe La Poste a investi dans la santé numérique à travers La Poste Santé & Autonomie ? Quelle est la logique derrière ce positionnement industriel ?

Vous savez, si La Poste a décidé d’investir massivement dans la santé numérique, ce n’est pas un hasard ni un simple effet d’opportunité. C’est un choix stratégique, mûrement réfléchi, qui répond à un besoin crucial : celui de soutenir la transformation du système de santé français, aujourd’hui confronté à des défis structurels considérables. Nous sommes partis d’un constat simple : la santé, et en particulier la santé numérique, est un secteur clé pour l’avenir du pays. C’est là que se joue la modernisation de nos parcours de santé, l’amélioration de la qualité et de l’accessibilité des soins, mais aussi la souveraineté de nos données. Or, ce secteur est encore trop fragmenté, trop dépendant de solutions étrangères, et nous manquons d’acteurs industriels français de poids à capitaux publics, capables de porter une vision d’intérêt général sur le long terme.

Avec le soutien de la Caisse des Dépôts, La Poste a donc fait le choix de devenir un acteur industriel à part entière dans la santé. Notre logique est claire : mettre à profit notre ancrage territorial, notre culture du service public et notre expertise numérique pour proposer des solutions fiables, souveraines et pérennes, au service de tous les acteurs de la santé et de l’autonomie.

Nous avons structuré La Poste Santé & Autonomie autour de deux piliers : la proximité humaine, essentielle pour accompagner les personnes fragiles ou en perte d’autonomie, et l’innovation numérique, indispensable pour moderniser les usages et garantir la maîtrise française de la donnée de santé. Notre ambition est d’apporter de la stabilité, de la confiance et de la cohérence dans un secteur qui en a cruellement besoin, tout en contribuant activement à l’intérêt général.

En résumé, ce positionnement industriel, c’est la volonté de mettre la force d’un grand groupe public au service d’un enjeu de société majeur, en apportant des solutions concrètes, éthiques et souveraines à l’ensemble de l’écosystème de santé français.

Quels résultats concrets ont été atteints ? Quelles sont les briques majeures que vous avez posées ?

Depuis un an et demi, nous avons mené une stratégie de croissance externe ciblée pour constituer un ensemble cohérent avec les expertises déjà existantes au sein du groupe La Poste pour couvrir l’intégralité des parcours de santé, du domicile à l’hôpital, en intégrant à la fois les aspects numériques et humains.

Première brique majeure, la création de Careside, notre plateforme d’orchestration de services du parcours de santé. Careside permet de coordonner efficacement les professionnels, les établissements, les acteurs du domicile, et d’offrir une prise en charge fluide et personnalisée à chaque patient. C’est une réponse directe à la fragmen- tation historique du secteur. Deuxième pilier, nous avons lancé DALVIA Santé, la première IA générative souveraine en santé, développée avec Docaposte et Mistral AI. DALVIA permet de générer des synthèses médicales de dossiers patients, libérant ainsi un temps précieux pour les soignants et améliorant la coor- dination des parcours. Cette solution est déjà opérationnelle et plébiscitée sur le terrain.

Troisième socle, la souveraineté du cloud avec NumSpot, notre offre cloud indépendante issue de la collaboration avec Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Banque des Territoires. NumSpot s’impose déjà comme une alternative cré- dible aux géants américains, ce qui est indispensable pour garantir la maîtrise et la sécurité de la donnée de santé en France.

Nous avons aussi renforcé nos expertises en conseil et en valorisation de la donnée. Avec l’acquisition de Weliom, nous accompagnons la modernisation des systèmes d’information hospitaliers et la gouvernance de la donnée. Notre filiale Heva, quant à elle, produit des analyses cliniques de haut niveau pour la recherche, la medtech et l’industrie pharmaceutique : c’est un atout clé pour cou- vrir toute la chaîne de valeur de la donnée de santé. Je pense que nous avons besoin en France d’un modèle intégré, souverain et innovant, capable de répondre aux vrais attentes du secteur en terme de maîtrise de la donnée : coordination, confiance, efficacité.

Comment se positionnent ces actifs dans le champ des systèmes d’information hospitaliers ?

En un an et demi, Maincare a réellement changé de braquet. On a enclenché une vraie transformation industrielle, portée par l’intégration au sein de La Poste Santé & Autonomie et Docaposte avec une accélération visible et de nouvelles offres qui répondent aux attentes du terrain.

Sur le dossier patient informatisé, Main- care-IC est en train de s’imposer : il se déploie dans des hôpitaux et il est clairement apprécié par les cliniques privées qui cherchent une solution moderne, fiable et évolutive. C’est un vrai signal pour le marché.

Côté imagerie médicale, on a franchi un cap : le lancement de M-RIS, notre système d’information de radiologie, qui équipe déjà des groupes comme ImDev, l’arrivée de M-Viewer, notre viewer DICOM nouvelle génération, puis de M-DRIMBox pour le projet DRIM-M. On propose désormais une gamme complète, interopérable, qui couvre tous les besoins des services d’imagerie, avec une intégration poussée de l’IA pour optimiser les flux et la production de comptes-rendus.

On n’a pas oublié la modernisation des solutions historiques avec Copilote, par exemple, qui bénéficie d’un gros programme pluriannuel et l’évolution concrète de nos suites administratives, logistiques et achats.

L’innovation, c’est aussi l’intégration des technologies Docaposte: l’IA générative DALVIA Santé, qui permet la synthèse des dossiers patients ainsi que des nou- veautés en IA que l’on va annoncer lors de SantExpo vont changer la donne sur le terrain.

Enfin, sur la donnée de santé, Heva s’im- pose comme un acteur clé des entrepôts de données de santéen équipant des établissements de référence comme l’AP- HM ou le CHRU de Nancy, avec des solutions ouvertes, normalisées et prêtes pour la valorisation à grande échelle.

Deux ans pour vous déployer dans un secteur concurrentiel, c’est plutôt court. Qu’est-ce qui a nourri cette efficacité ?

Cela a été rendu possible grâce à un ali- gnement fort entre la direction du groupe La Poste et son actionnaire, la Caisse des Dépôts. Il y a une volonté claire de construire un acteur d’intérêt général dans un domaine stratégique. Ce soutien nous permet d’investir rapidement, de faire des choix ambitieux. Cette forte volonté d’agir implique une responsabilité : être à la hauteur de l’ambition.

Quelles sont vos priorités à court et moyen terme ?

Nos priorités sont sur deux plans. D’une part, continuer à structurer un écosystème numérique souverain en santé, qui repose sur des standards ouverts et sur une interopérabilité réelle. D’autre part, impulser une transformation des architectures des systèmes d’information hospitaliers. Aujourd’hui, la plupart des SIH ne sont pas conçus pour accueillir l’intelligence artificielle ni pour valoriser les données. Il faut aller vers des SIH centrés sur la donnée, conçus dès le dé- part comme interopérables, ouverts à l’écosystème, et capables de dialoguer avec des briques extérieures. On doit penser le système comme modulaire et évolutif.

Mais ce travail ne peut pas être fait seul. Il faut fédérer un collectif d’acteurs – éditeurs, start-up, établissements, industriels – qui partagent cette vision. Notre rôle, c’est d’ouvrir des coopérations et d’appliquer des référentiels. Ce ne doit pas une course concurrentielle, car il s’agit ici d’un enjeu majeur pour les hô- pitaux et donc d’une responsabilité collective.

Quel regard portez-vous sur l’état actuel des systèmes d’information hospitaliers ?

Franchement, on est encore loin du compte. Un hôpital utilise souvent plusieurs centaines de logiciels. Les données sont enfermées, dispersées, redondantes. Très peu sont structurées de manière exploitable. Les entrepôts de données de santé sont encore très hétérogènes, souvent incomplets. Et surtout, il n’existe pas de logique d’architecture commune. Les parcours numériques restent fragmentés et peu interopérables.

La France prend du retard ?

Il faut être lucide. Des pays comme l’Espagne sont en train de nous dépasser. Certaines provinces disposent déjà de vraies plateformes de parcours, avec une logique de données ouvertes, accessibles pour des usages secondaires comme la recherche. Les industriels de la santé, de la pharma, des medtech s’y intéressent pour la qualité et l’accessibilité des données, dans un cadre clair. En France, on a du retard, mais on a aussi des atouts : un bon niveau technique, une réglementation exigeante et une dynamique qui monte. Il faut accélérer.

Quelle place pour les données de santé dans ce paysage ?

C’est le nœud de tout. La donnée, c’est le socle de la transformation. Il y a la donnée primaire, qui sert au soin, à la coordination, à l’organisation des parcours. Et puis il y a la donnée secondaire, qui permet de faire de la recherche, de l’épidémiologie, de l’innovation. Si on veut que la France soit un territoire attractif pour ces usages, il faut être exemplaire dans la collecte, la standardisation, l’exploitation des données. Il faut inventer des modèles économiques pour que les hôpitaux valorisent leur patrimoine informationnel, en toute sécurité. Mais cela suppose une vision industrielle.

Comment concilier au mieux exploita- tion des données de santé et respect des droits des patients ?

Le cadre réglementaire est clair. Le RGPD, le règlement européen sur l’IA, la doctrine nationale sur les données de santé secondaire... tout cela trace une ligne, et c’est une bonne chose. Le citoyen doit avoir confiance. Il faut du consentement, de la transparence, du contrôle. Nous travaillons étroitement avec la CNIL, notamment sur nos cas d’usage d’IA générative. On a demandé un accompagnement renforcé, justement pour être sûrs de rester parfaitement dans les clous. C’est un dialogue constructif qui nous aide à construire une stratégie conforme et éthique.

Qu’allez-vous présenter à SantExpo ?

Notre objectif principal est de démontrer par la preuve notre engagement à colla- borer et à développer des solutions numériques hospitalières utiles et accessibles à tous. Nous disposons de solutions, mais surtout d’une volonté de coopération. SantExpo est l’occasion idéale d’engager des discussions, de confronter des points de vue et de construire ensemble.

En quoi votre parcours personnel nourrit-il vos choix stratégiques actuels ?

Cela fait 25 ans que je suis dans le secteur de la santé. J’ai dirigé une clinique à Toulouse, travaillé pour le ministère de la Santé, maintenant je suis dans un groupe public. En fait, j’ai toujours poursuivi le même objectif : défendre un modèle souverain et agir pour l’intérêt général. Quand j’étais à la clinique Pasteur, c’était pour garantir une offre de soins de qualité, accessible, à capital français. Au ministère, avec Mon espace santé, l’identifiant national de santé ou le Ségur numérique, c’était pour structurer le paysage pour l’intérêt général. Aujourd’hui, c’est toujours la même ligne directrice : construire un système de santé

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