La Société française de radiologie pour une utilisation raisonnée de l’IA

02 mai 2023 - 11:28,

Actualité

- DSIH
Le 20 avril 2023, la Société française de radiologie a lancé un appel en faveur d’un usage pondéré de l’intelligence artificielle appliquée au domaine de la santé via un partage d’expérience et d’expertise.

La Société française de radiologie (SFR) est une société scientifique d’enseignement et de formation. Fin avril, elle a souhaité partager son expérience et son expertise pour une utilisation raisonnée de l’IA appliquée au domaine de la santé, dans une période où le rôle de cette dernière s’accroît dans les solutions d’imagerie médicale.

Une juste place pour l’IA

Pour la SFR, l’IA doit rester « dans une juste place, c’est-à-dire comme une aide au diagnostic. Le radiologue doit s’assurer et veiller à ce que ces technologies innovantes répondent aux questions éthiques, en respectant les règles fondamentales qui régissent le soin et la relation humaine entre la personne et son praticien ».

Les radiologues ont été au cœur des progrès numériques concernant les images et les comptes rendus de radiologie, leur archivage, leur transmission et le traitement des données. Selon la SFR, ils sont donc légitimes pour définir le champ d’utilisation de l’IA, dans le respect de la relation avec la personne et selon les règles d’éthique et de déontologie médicale.

L’IA est ainsi et doit rester un outil d’aide à la décision et non de substitution du praticien, tout en lui ouvrant de nouveaux potentiels, dans le cadre du dépistage et de l’aide au suivi ou à la caractérisation de lésions. L’outil peut le décharger de certaines tâches, mais le radiologue produit seul le compte rendu final. En effet, d’après la SFR, il y engage sa valeur ajoutée, sa responsabilité médicale et son humanité, pour assurer la meilleure « prise en soin de la personne ».

Les cas d’usage de l’IA

La SFR reconnaît l’apport de la puissance de calcul de l’IA de même que sa capacité à produire des réponses rapides et satisfaisantes à des questions précises. Par exemple, l’IA propose des algorithmes de priorisation de prise en charge et de workflow en cas de suspicion de fractures périphériques en radiologie conventionnelle. Grâce à ces outils de triage, l’IA accélère la prise en charge des patients aux urgences et permet au radiologue de consacrer son expertise aux examens avec suspicion de fracture.

Autre exemple, en mammographie, l’IA permet de sécuriser la prise en charge du patient, même si la décision définitive sur l’existence de lésions, leur nature et leur classification repose sur l’analyse et l’interprétation du radiologue. Pour la SFR, il est probable que l’IA simplifie la production de reconstructions d’images à partir des données brutes produites par les examens d’imagerie en coupes, mais l’automatisation peut effacer des lésions, et le contrôle du radiologue reste incontournable.

La garantie humaine comme valeur éthique

Afin de comprendre l’intérêt et les limites de chacune de ces techniques, Drim France IA[1], dont fait partie la SFR, propose sur son site une analyse des solutions d’IA pour le dépistage des fractures et des solutions d’intelligence artificielle en mammographie. Progressivement, l’analyse va être étendue à l’ensemble des solutions d’IA disponibles en France pour définir la « juste place » évoquée précédemment dans la « bonne prise en soins ».

Dans ce cadre, la SFR prône le contrôle humain, ou « garantie humaine », comme valeur éthique irremplaçable avec « la nécessité de ne pas abandonner l’autonomie d’action ou de décision humaine, dans un contexte de diffusion de plus en plus rapide de l’IA en santé ». Le principe consiste à ne pas laisser les algorithmes d’intelligence artificielle opérer indépendamment de tout regard humain. En 2025, le règlement européen AI Act donnera à cette garantie une applicabilité juridique comparable à celle du Règlement général sur la protection des données.

L’éthique de la promesse

La garantie de supervision humaine intervient d’ailleurs dès la conception des solutions d’IA, au cours de laquelle les radiologues veillent à « l’éthique de la promesse ». Elle s’inscrit dans les recommandations d’usage portées par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur l’IA[2] et a été rendue juridiquement opposable par l’article 17 de la loi de bioéthique d’août 2021.

La SFR appelle les acteurs de la radiologie française à porter ce « principe et à le décliner sous forme de modèles opérationnels [à l’image du] dispositif du Collège de garantie humaine qui associe les représentants des professionnels et des patients [pour] apporter la réflexion humaine à l’IA, dès sa conception et dans l’application en vie réelle ».


[1] Association loi 1901 émanant du Conseil national professionnel et du G4, qui regroupe les quatre institutions de la radiologie française (SFR, FNMR, Cerf et SRH).

[2] Avis 129 et 141.

 

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