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Des souris et des hommes (n° 2)
01 déc. 2020 - 10:07,
Actualité
- DSIH, Aïssa KhelifaMedexprim a germé dans l’esprit de Karine Seymour après un séminaire PACS que j’avais organisé il y a quelques années en Martinique (avec le GCS E-santé de Martinique) et auquel je l’avais conviée pour faire un retour d’expérience sur le PACS régional de Midi-Pyrénées.
Le Pr Guy Frija, comme toujours en avance sur son temps, était venu nous parler d’intelligence artificielle, et Karine était repartie des Antilles avec l’idée d’une entreprise dédiée à l’extraction de data pour l’IA. Obstinée, Karine n’a jamais abandonné et, cinq ans plus tard, elle dirige toujours le développement de Medexprim dont elle a confié la direction générale l’an dernier à Romain Cazavan, qui s’était illustré chez Siemens, Générale de santé et Agfa HealthCare.
Aïssa Khelifa : Bonjour Romain, quelle a été l’origine de Medexprim ?
Romain Cazavan : Medexprim est un spin-off du CHU de Toulouse. Karine avait constaté au sein du CHU la grande difficulté des radiologues à extraire de la donnée qualifiée et à la corréler avec des données cliniques. Medexprim est né de l’idée qu’il était possible d’industrialiser le processus d’extraction en apportant un soin tout particulier à la qualité des data afin d’en optimiser l’usage.
Depuis cinq ans, la ligne fondatrice est restée inchangée : permettre l’extraction fiabilisée de données multiples pour servir la recherche clinique.
AK : La Covid-19 a-t-elle modifié cette stratégie ?
RC : Bien au contraire, la crise sanitaire a mis en évidence le besoin impérieux d’une digitalisation de la recherche clinique à l’aide de données de vie réelle. L’un des problèmes de la recherche pharmaceutique est d’être dépourvue d’expertise sur ce type de données et d’avoir un accès complexe aux données hospitalières.
Aujourd’hui, Medexprim participe à deux projets européens H2020, Primage[1] et Chaimeleon[2], dont il assure la coordination technique. Ces projets avaient bien sûr été lancés avant la Covid et ne concernent pas directement le coronavirus, mais ils prennent aujourd’hui toute leur importance. En effet, ces deux projets créent actuellement sur le plan européen, avec 20 centres hospitalo-universitaires, des Data Lakes exploitables par la recherche pharmaceutique.
AK : Romain, c’est quoi, dans la vraie vie, un Data Lake ?
RC : C’est un endroit fédératif et partagé de stockage de données anonymisées de sources multiples, tant par leur nature que par leur origine. Elles sont multiples (imagerie, données cliniques contextuelles issues des dossiers patients, biologie, anapath et parfois génomique), mais qualifiées par Medexprim et proviennent, dans nos projets H2020, de toute l’Europe. Il faut par ailleurs signaler qu’un Data Lake est un corps vivant, en évolution permanente, nourri de données tant rétrospectives que prospectives. Et plus schématiquement encore, ce sont des données de vie réelle structurées pour la recherche clinique.
AK : Ce modèle doit intéresser l’industrie pharmaceutique…
RC : Absolument. Medexprim est un accélérateur de la recherche clinique hospitalière et un formidable outil de valorisation des données de nos hôpitaux partenaires, au sein desquels nous implémentons la Medexprim Suite™, qui anonymise les données et en homogénéise la qualité. Ce qui fait notre force, c’est notre universalité, notre capacité à alimenter des Data Lakes multicentriques, mais aussi à agréger des images et des données cliniques. Nous avons pu par exemple, en fédérant les 25 CHU avec lesquels nous travaillons, structurer à l’échelle de l’Europe des données autour des principaux types de cancer. Il existe d’ailleurs déjà une dizaine de collaborations entre des hôpitaux clients et l’industrie pharmaceutique.
AK : Quels sont les hôpitaux avec lesquels travaille Medexprim ?
RC : Difficile de les citer tous. En France, nous avons une coopération historique en imagerie avec le CHU de Nîmes, au Royaume-Uni avec l’Imperial College London, en Espagne avec Hulafe, le CHU de Valence, en Italie avec le CHU de Pise, et une collaboration est prévue très prochainement avec la Charité de Berlin en Allemagne.
Nous sommes aussi très ouverts aux organisations extérieures au milieu hospitalier, notamment la société Sophia Genetics ou les structures professionnelles de la radiologie française. Nous travaillons également avec des sociétés spécialisées dans les biomarqueurs d’imagerie, comme Quibim et Median.
AK : En conclusion, que dire de Medexprim aujourd’hui et tel qu’il sera demain ?
RC : Aujourd’hui, Medexprim, c’est 20 personnes, en France, en Grande-Bretagne et aux USA. La société est à l’équilibre financier, ce qui mérite d’être signalé. Nous préparons une levée de fonds au premier trimestre 2021, qui nous permettra de renforcer notre structure commerciale directe aux USA et en Europe.