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La e-santé rend-elle plus heureux ?
18 déc. 2019 - 12:19,
Actualité
- DSIHPeut-on dire aujourd’hui, en paraphrasant un vieux slogan de La Poste : Ce que l’avenir nous promet, Docaposte nous l’apporte ?
Nous avons en tout cas la volonté farouche de participer à ce que l’avenir nous promet. Nous sommes persuadés que l’e-santé a un rôle majeur à jouer dans l’amélioration globale du système de soins, de la qualité des soins et du suivi des personnes. Nous parlons de bonheur aujourd’hui, et le sujet est bien la personne, au-delà du patient, tout au long de sa vie, dans son parcours de santé ; un parcours que je découpe en plusieurs temps.
Quand la personne est en bonne santé, nous faisons de la prévention. Lorsque son état de santé se dégrade, la détection précoce est essentielle. Plus une pathologie sera détectée tôt, mieux elle sera prise en charge, ce qui réduira aussi son coût. Pour un cancer dépisté précocement, par exemple, l’opération pourra avoir lieu en une seule fois. Un cancer métastatique posera plus de problèmes. Nous pouvons effectivement parler de bonheur ici car la détection précoce permet à la personne de retrouver plus rapidement son état précédent.
Le troisième temps correspond à la pathologie installée, qui implique la coordination du parcours du patient, laquelle optimisera aussi les coûts de prise en charge. La logique de coordination est une évidence dans l’industrie, beaucoup moins dans la santé. Il faut également prendre en compte l’ambulatoire et le retour à domicile. À chaque étage, nous posons des briques d’e-santé pertinentes pour apporter des solutions et améliorer l’accès aux soins. Nous sommes réellement dans cette dynamique aujourd’hui.
Comment l’e-santé peut-elle réconcilier le médical, le médico-social, la famille et les aidants dans le cadre d’une amélioration des parcours de santé et de la qualité des soins ?
La sphère médicale est celle qui génère le plus d’informations. Nous n’en avons jamais généré autant, mais elles ne sont pas partagées ni mises à la disposition des patients. Le DMP n’est pas suffisamment déployé. Il fonctionne avec un identifiant national de santé spécifique, dont l’usage est encadré par la loi. C’est, par exemple, le masquage du masquage : « J’ai une pathologie. Je ne veux pas que mon médecin traitant le sache et je ne veux pas que le fait qu’une information est masquée soit visible. »
Dans la sphère familiale, quand les enfants sont petits, c’est simple à gérer. Les parents se font confiance mutuellement et partagent l’information ; mais la vie passe. Les couples peuvent être recomposés. Les enfants grandissent. Certaines informations ne sont plus partagées. Chacun a besoin de gérer ses données et décide ce qu’il va partager ou non. Les parents vieillissent, et les enfants commencent à gérer les informations de leurs parents. Tout se partage, mais pas en permanence, pas de la même façon et pas avec tout le monde.
De nombreux acteurs interviennent dans la sphère médico-sociale : les intervenants à domicile qui livrent le matériel médical, les repas… Ils ne partagent pas toutes les informations médicales ni familiales. Au centre, il est nécessaire d’avoir un acteur pour faire circuler l’information en fonction des besoins et des identifiants nécessaires. La confiance totale en cet acteur est essentielle. Qui mieux que La Poste et le tiers de confiance numérique qu’est Docaposte, qui embarque les valeurs de La Poste, pour y répondre ?
Quelle est la stratégie de Docaposte pour déployer des usages innovants porteurs de valeurs économiques ?
Le premier sujet est l’hébergement des données. Nous sommes le plus gros hébergeur de données de santé en France avec 45 millions de dossiers patients ouverts dans notre coffre-fort numérique, dont 39 millions au titre du dossier pharmaceutique. Nous participons à des projets majeurs de pour déployer des services qui allient digital et services physiques.
Ensuite, il s’agit de gérer la conciliation des différents identifiants, des consentements et un certain nombre de services digitaux sur lesquels nous sommes en train de discuter avec différents partenaires, comme Tactio au Canada, un des leaders mondiaux de la gestion des informations patients à distance, icanopée, leader de l’alimentation du DMP en France, ou encore l’Institut Rafaël avec le Dr Toledano.
Avec quels facteurs-clés de succès ?
Si nous n’apportons pas du bonheur, nous serons passés à côté. L’autre facteur est la gestion des dépenses de santé. Nous ne manquons pas de ressources financières. L’objectif est de les gérer au plus fin pour en faire davantage à argent constant. Le second sujet concerne l’amélioration de la qualité des soins et de l’accès aux soins. En effet, nous n’aiderons pas au bonheur si la qualité des soins continue à se dégrader. Il faut mettre en place un système vertueux, et le digital peut y contribuer.
L’e-santé va-t-elle transformer le système de santé en profondeur ?
Prenons l’exemple d’un épisode de pré-hospitalisation. Il démarre avec une prescription par le médecin généraliste ou le spécialiste, puis la préparation de l’hospitalisation et de l’intervention. Se pose la question du choix de l’établissement, de la prise de rendez-vous. Le patient se met en relation avec son établissement de soins, remplit des formulaires, transmet des documents, des consentements. Pour toutes ces démarches, il n’a pas besoin de se déplacer s’il dispose d’une application directement en relation numérique avec l’établissement, qui lui fera gagner en temps et en qualité de vie. L’établissement sera également gagnant. Il aura recueilli efficacement les informations importantes concernant le patient et dégagé du temps pour les équipes.
Puis vient le temps du retour à domicile, où le patient a besoin de différents services. Nous retrouvons alors tout l’intérêt de la combinaison des services digitaux et physiques. Nous arrivons aux derniers kilomètres. Le patient est chez lui, la pharmacie à trois kilomètres, et il n’est pas toujours en mesure d’aller chercher les médicaments dont il a besoin. Nous allons alors mettre en place, grâce au système de prescription électronique et en accord avec le pharmacien, une livraison par des facteurs.
L’intérêt de la combinaison du digital et du physique est à la fois de permettre et de faciliter les rencontres entre les intervenants. Les outils digitaux participent au chaînage sans déshumaniser le soin, bien au contraire.