Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Mauvaise communication en cas d’incident numérique : le risque au-delà du risque

28 mai 2019 - 11:46,
Tribune - Charles Blanc-Rolin
  

alone

Les derniers chiffres de la cellule ACSS (Accompagnement Cybersécurité des structures de santé) ont été présentés la semaine dernière lors de la Paris Healthcare Week. Depuis le 1er octobre 2017, 478 incidents de sécurité numérique ont été déclarés par les établissements de santé français. Le faible taux des déclarations laisse supposer que, malgré leur obligation de déclarer les incidents de sécurité, de nombreuses structures continuent malheureusement de cacher la poussière sous le tapis, comme l’a souligné Philippe Loudenot, FSSI des ministères en charge des Affaires sociales.

chiffres_acss_052019


Même si le niveau de maturité en matière de SSI s’est amélioré ces dernières années dans le secteur de la santé, la marge de progression reste malgré tout très importante. Le budget alloué par les établissements au système d’information de santé, et par conséquent à la sécurité, reste trop faible, et nous manquons de moyens techniques et humains. Nos directeurs d’établissement ont énormément de sujets à traiter, et les risques liés au numérique finissent parfois par se noyer dans un océan de problèmes à gérer au quotidien… À nous, RSSI, d’essayer de faire des piqûres de rappel régulières, pour éviter que ces menaces ne passent aux oubliettes. Vous le savez aussi bien que moi, la tâche n’est pas si facile.

En ce qui concerne les incidents numériques, la question n’est pas de savoir si nous allons y être confrontés, mais quand et dans quelle mesure. Il y a malheureusement beaucoup plus de risques de subir un incident de sécurité numérique que de chances de gagner au loto…

Reste que, et tous les experts en gestion de crise vous le diront, une crise, ça se prépare, et la communication de crise ne doit surtout pas être mise de côté.

En France, contrairement aux États-Unis, la déclaration des incidents de sécurité ne donne pas lieu à une révélation publique, le but étant d’éviter de conduire à l’échafaud l’établissement déjà « victime » de l’incident. En revanche, la cybersécurité étant un sujet qui permet de faire de l’audience ces dernières années, les médias raffolent de chaque grain de sable qui viendrait gripper l’engrenage que représentent les systèmes d’information, a fortiori lorsqu’ils relèvent d’un établissement de santé.

Préparer le discours du représentant de la structure de soins qui sera chargé de communiquer (DG, DSI…) lors des éventuels incidents à venir est donc loin d’être une perte de temps. Pendant la crise, de nombreuses autres problématiques devront être gérées. Le discours doit être factuel, concis, sincère, sans « trop » de détails et surtout sans contrevérités.

Le 12 mars dernier, le CHU de Montpellier a vécu ce que nous avons tous subi ou dont nous allons tous (re)faire l’expérience, à savoir la propagation d’un logiciel malveillant sur le SI. Le 17 mai, soit un peu plus de deux mois après l’incident, France 3 Occitanie, après échanges avec la direction du CHU, annonçait que celui-ci avait été victime d’un logiciel malveillant qui se serait répandu sur 649 ordinateurs (environ 10 % du parc, mais il y a quand même de quoi s’occuper) de l’établissement [1].

Quelques jours plus tard, le 23 mai, France 3 Occitanie publiait un second article [2], beaucoup plus incisif que le premier. D’après les témoignages de plusieurs employés, dont certains semblent exagérés, il est reproché à la direction de l’établissement de ne pas avoir été sincère en indiquant tout d’abord qu’il n’y avait eu aucun impact sur la prise en charge des patients.

Erratum : Le journaliste semble clairement sous entendre (à tort) qu'une atteinte à la confidentialité des données aurait eu lieu en se basant sur une notification de violation de données à caractère personnel adressée à la Cnil le 14 Mars. La notification indique que la violation porte sur une indisponibilité des données et non une atteinte à la confidentialité !

Cet exemple malheureux nous rappelle, au-delà du besoin de disposer de procédures dégradées fiables, l’importance des exercices de gestion de crise et la nécessité de préparer soigneusement sa communication de crise.


[1]  
 

[2]  

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Le second appel, dédié à la continuité et à la reprise d’activité, poursuit la dynamique lancée, avec une enveloppe de 45 millions d’euros et une mobilisation importante du secteur.

Le second appel, dédié à la continuité et à la reprise d’activité, poursuit la dynamique lancée, avec une enveloppe de 45 millions d’euros et une mobilisation importante du secteur.

12 nov. 2025 - 23:37,

Actualité

- Rédaction, DSIH

Le programme CaRE continue d’élargir son action en santé, en mettant l’accent sur la continuité et la reprise d’activité après les incidents. Cette étape du dispositif s’appuie sur une enveloppe de financement de 45 millions d’euros et vise à renforcer les procédures de continuité, à sécuriser et re...

Interdictions et blocages se fracassent sur le mur de la technologie

03 nov. 2025 - 21:43,

Tribune

-
Cédric Cartau

Avec le temps, on s’assagit, mais cela n’empêche pas de rester étonné. Étonné devant l’amnésie collective qui frappe régulièrement les décideurs ou certains membres de la société civile dès lors que, sous couvert de bonnes intentions souvent réelles, il faut bloquer ceci ou cela.

Illustration Numih France : une métamorphose au service d’un numérique hospitalier souverain, éthique et sécurisé

Numih France : une métamorphose au service d’un numérique hospitalier souverain, éthique et sécurisé

03 nov. 2025 - 18:54,

Actualité

- DSIH,

Né de la fusion entre le Mipih et le SIB, Numih France s’impose comme un acteur public de référence dans le domaine du numérique en santé. Porté par une gouvernance 100 % publique et hospitalière, le Groupement d’Intérêt Public déploie une stratégie alliant excellence opérationnelle, ancrage territo...

Illustration L’IA générative en santé : un outil prometteur, à utiliser de manière responsable

L’IA générative en santé : un outil prometteur, à utiliser de manière responsable

30 oct. 2025 - 11:15,

Communiqué

- HAS

Face à l’expansion rapide des systèmes d’intelligence artificielle (IA) générative – tels que Mistral AI, CoPilot ou ChatGPT – la HAS publie ses premières clés pour un usage responsable de ces technologies dans les secteurs sanitaire, social et médico-social. Ce guide concis et pédagogique, destiné ...

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.