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Faut-il libérer les médecins de leurs chaînes informatiques ?

30 jan. 2018 - 11:01,
Actualité - DSIH,@lehalle
La question peut paraître incongrue alors que la tendance est à leur promettre toujours plus de services numériques, toujours plus d’applications capables de les suivre « en mobilité », toujours plus de formulaires en ligne… et toujours plus d’incitations financières s’ils se plient à certaines exigences de collecte d’indicateurs(1).  

Posée le jour où le Conseil national de l’ordre des médecins invite à découvrir son dernier livre blanc – et les recommandations assorties – sous le titre « Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de l’intelligence artificielle »(2), la question devient carrément anachronique !

Ras le bol du dossier médical électronique

Pourtant, elle s’impose à la lecture d’une chronique du New England Journal of Medicine(3) : « Beyond Burnout – Redesigning Care to Restore Meaning and Sanity for Physicians » (Au-delà du burn out. Reconcevoir les soins pour redonner du sens au métier de médecin).
Le titre interpelle. Le désarroi exprimé par nombre de professionnels de santé ne fait que s’intensifier ici. Mais qu’en est-il Outre-Atlantique ? Y trouve-t-on des réponses ?

Le texte signé par deux médecins de Boston, correspondantes du NEJM et enseignantes à Harvard Medical School(4), commence par une histoire de ras-le-bol du dossier médical électronique. Elles citent à ce propos une vice-présidente de l’American Medical Association qui a étudié ce à quoi les médecins consacrent leur temps : « Nous sommes déconnectés de ce qui doit être notre objectif. »

Une épée à double tranchant

Le fardeau bureaucratique s’accentue, et c’est le plus grand facteur d’épuisement professionnel, écrivent les correspondantes du NEJM. « Dans ce contexte, les dossiers médicaux électroniques représentent une épée à double tranchant, commente un professeur de médecine de Stanford, chercheur de premier plan en matière de burn out médical. Ils donnent plus de flexibilité et permettent de rentrer dîner à la maison. Mais ils ont permis aux organisations de continuer à accroître leur productivité sans toucher au système en facilitant l’exercice d’un travail supplémentaire caché. »
Les développements qui suivent, dans cet article de la revue de référence sur le plan international, rappellent étrangement ce dont les médias professionnels ou grand public français se font actuellement l’écho.

« Plus d’ordinateur entre moi et mes patients »

Venons-en aux exemples de transformation des entreprises pour relever le défi. Les auteures observent que la nécessité de modifier les prises en charge et l’organisation des soins a fait son chemin ces dernières années. Elles décrivent alors le modèle adopté par le département des soins primaires de l’université du Colorado, basé sur son équipe et intitulé Apex pour « Ambulatory Process Excellence ». Des assistants médicaux rassemblent et gèrent les données, traitent la conciliation médicamenteuse, établissent le planning des rendez-vous et veillent à assurer la prévention. Ils partagent ensuite les informations avec un médecin ou une infirmière et assistent à la consultation de manière à la documenter. Quand le clinicien a terminé, l’assistant prend la responsabilité de l’éducation thérapeutique du patient.
Pour le directeur médical de ce département, « le plus gros avantage tient désormais à l’absence d’ordinateur entre moi et mes patients. Cela me permet de mieux réfléchir ».

L’efficience mesurée

Résultats probants côté médecins : au bout de six mois, le taux de burn out est tombé de 53 à 13 %. L’efficience a été mesurée par le fait qu’un cabinet peut recevoir trois patients de plus par jour. On note aussi une amélioration des pratiques côté vaccination et demandes d‘examens radiologiques.
Il a bien sûr été nécessaire de recruter des assistants et surtout de les former avec rigueur.
Mais l’expérimentation semble neutre sur le plan financier et devrait être étendue.
Des modèles analogues ont été intégrés avec succès à travers le pays dans des cabinets indépendants et de petite taille, note le NEJM.
Les deux auteures n’en font cependant pas une promotion exclusive tout en soulignant que les efforts de changement d’un système qui paraît dégradé devraient passer par des solutions « créatives et souples ».


(1)] Lire à ce propos un témoignage intéressant : https://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2018/01/27/rosp-comment-un-delegue-de-lassurance-maladie-ma-force-la-main_313556

(2) /article/2818/data-algorithmes-et-ia-les-recommandations-du-cnom.html

(3) Le 25 janvier dernier : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1716845

(4) http://www.dfhcc.harvard.edu/insider/member-detail/member/alexi-a-wright-md-mph/  http://www.dfhcc.harvard.edu/insider/member-detail/member/ingrid-t-katz-md-mhs/

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