Le Palais idéal du Facteur Cheval…
11 déc. 2017 - 10:07,
Tribune
- Michaël De BlockPour cette dernière tribune libre de l’année, j’ai décidé de choisir cette image pour la comparer à notre métier d’informaticien hospitalier.
J’avais, en effet, été un peu réducteur en juillet dernier, lorsque je comparais les DSI de GHT uniquement à des chercheurs de fonds (beaucoup d’entre vous me l’ont d’ailleurs – à juste titre ! – fait remarquer). Et alors que de nombreuses offres d’emploi de DSI de GHT sont logiquement publiées (les grandes échéances approchent…), quels que soient le territoire, la nature de l’établissement support ou le salaire proposé, une constante se dégage : la longueur de la fiche de poste publiée… et surtout les compétences demandées…
C’est comme si on lisait le casting d’une série TV, avec des profils multiples et variés, mais un seul acteur retenu…
Celles et ceux qui pourront répondre présents à toutes les attentes des DG de GHT méritent, en tout cas, notre respect. Et s’ils ont connu la création des services informatiques hospitaliers dans les années 1980, ils doivent sourire au vu du nombre d’aptitudes que l’on attend désormais d’eux…
Quand on pense qu’il a fallu attendre la circulaire ministérielle n° 275 du 6 janvier 1989 du ministère de la Santé pour qu’apparaisse officiellement la notion de système d’information hospitalier et que beaucoup d’établissements de santé français ont longtemps fonctionné avec pas ou peu d’informaticiens (sans parler de budgets d’investissement et d’exploitation informatique clairement identifiés), il y a vraiment de quoi saluer celles et ceux qui se sont accrochés à leurs convictions et n’ont cessé de faire évoluer leurs compétences et leurs fonctions, contre vents et marées.
En 1912, après 33 ans de travail acharné, le petit facteur de la Drôme a achevé le plus impressionnant et atypique des monuments français. Il a fallu attendre 1969 pour qu’il soit classé au titre de monument historique, sans pour autant être forcément compris et accepté de tous.
Parce qu’il avait à l’esprit cette formule de Napoléon 1er selon laquelle « Impossible n’est pas français », le facteur s’est fait à la fois maçon et architecte.
Nous sommes, nous aussi, des facteurs : les facteurs de santé du xxie siècle, puisque notre mission est de transporter, en toute sécurité, les courriers des patients vers les professionnels concernés. On nous demande également d’être architectes du système d’information de notre GHT. Et souvent nous devons nous retrousser les manches, tels des maçons de l’information numérique, pour accompagner le changement, participer activement aux processus et trouver tous les « matériaux » nécessaires à son urbanisation…
Mais nous avons une chance que le Facteur Cheval n’avait pas : il était seul, tandis que le DSI de GHT a l’opportunité d’avoir une équipe à ses côtés, aux compétences diverses et variées, qui permettront à ce drôle de métier d’informaticien hospitalier de continuer à se réinventer !
Tout est possible, et nous allons certainement devoir encore allier des objectifs contradictoires, monter des projets insuffisamment financés, mais nos actions et nos réflexions contribueront à faire avancer le domaine de l’e-santé et à imaginer des solutions pour mieux coopérer grâce aux TIC.
Selon François 1er, « À trop se soucier de l’achèvement des choses, on n’entreprend jamais rien »… La visite du château de Chambord donne quand même envie de se lancer !
Alors MERCI à toutes celles et à tous ceux qui font vivre les systèmes d’information de santé depuis 30 ans. Bravo aux équipes qui se construisent et se réorganisent pour allier leurs forces. Il n’y a pas de modèle, pas de vérité unique, ni d’expérience à suivre : l’important est de donner du sens aux actions techniques que vous lancez, avec toujours à l’esprit le parcours de soins optimisé !
Bonnes fêtes de fin d’année !
L'auteur
Michaël De Block est directeur de l’information numérique des Hôpitaux de Champagne Sud et administrateur du groupement de coopération sanitaire Santé Numérique, GCS de moyens informatiques du GHT de l’Aube et du Sézannais.