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Être DSI de GHT, un nouveau métier ?
Avec la mise en place des GHT, on a d’abord vu notre périmètre organisationnel évoluer. Il a fallu repenser un service informatique hospitalier à l’échelle d’un territoire, tant dans la valorisation des compétences humaines qui le composent que des articulations entre les acteurs, par métier ou site géographique (/article/2322/competences-necessaires-a-la-mise-en-place-du-volet-si-d-un-ght.html et /article/2365/mise-en-oeuvre-d-un-service-informatique-territorial.html).
Puis il a fallu comprendre ce que l’on pouvait envisager en matière de convergence des systèmes d’information (/article/2425/la-convergence-des-systemes-d-information-du-ght-de-l-aube-et-du-sezannais.html), sans oublier la problématique de la sécurité, qui a durement frappé les hôpitaux ces derniers mois (/article/2472/objets-connectes-mobilite-telemedecine-et-robotique-en-ght.html).
Il a fallu ensuite apprendre à explorer les pistes de collaboration avec les partenaires extérieurs aux établissements publics de santé, ceux avec qui on n’avait jusqu’ici pas ou peu travaillé, puisque la nouvelle loi de santé nous incite à rapprocher la ville et l’hôpital (/article/2528/developpement-agile-et-accompagnement-au-changement-en-ght.html).
Mais, au final, le plus compliqué a été de trouver les moyens financiers de faire tout cela. Dans la pratique, en effet, la mise en place d’un système d’information et d’un service informatique de territoire – la mutualisation des compétences et des outils, comme on dit –, même si des économies devraient être générées à terme, coûte, à l’heure actuelle, très cher…
Pour certains d’entre nous, la solution pouvait venir de plans ambitieux et visionnaires comme l’appel à projets Territoire de soins numérique. Et je me souviens, d’ailleurs, en 2014, en rédigeant les 80 pages du projet Optimistic de mon bassin de santé, avoir prévu de faire beaucoup de choses avec les 15 millions d’euros espérés…
Malheureusement, en septembre 2014, j’ai dû me résigner : Optimistic n’avait pas été sélectionné par les pouvoirs publics, et il allait falloir trouver d’autres moyens de financer le territoire de soins numérique de mes rêves…
De DSI, je suis alors devenu un « chercheur de fonds », à l’affût de la moindre subvention. Au lieu de penser « technique », j’ai commencé à raisonner « administratif et financier », à apprendre progressivement comment remplir un dossier de financement et comment trouver des partenaires (universitaires la plupart du temps) pour le valoriser toujours plus aux yeux des jurys qui le contrôlaient. Quoi qu’on en dise, c’est un métier qui ne s’apprend pas en école d’ingénieur. C’est un autre monde qui a ses codes et ses usages…
Il y eut d’abord un premier échec au fonds Feder en 2014, qui me désola évidemment (trois mois de travail pour rien…), mais qui me permit d’échanger avec les interlocuteurs compétents de la préfecture de mon département… et de rebondir sur un dossier FNADT, le fameux Fonds national d’aménagement et de développement du territoire, qui accepta de financer une partie de nos projets : car, à défaut de construire des routes en bitume, nous mettions en place des autoroutes de l’information numérique ! C’est subtil, et il fallait y penser : faute de se déplacer physiquement, on voyage désormais virtuellement.
Et puis ce fut l’aubaine du programme Hôpital numérique, certes très chronophage, mais ô combien structurant pour nos établissements ! Il permit à trois hôpitaux de mon GHT de rattraper leur retard technologique et de se moderniser.
Suivirent ensuite les multiples dossiers d’innovation sociale ou industrielle (Innov’Action ou Fonds unique interministériel), qui permirent de sceller encore davantage les liens avec les universitaires qui nous accompagnaient et qui donnaient encore plus de sens aux projets technologiques menés, du fait de leur regard décalé et de leur méthodologie si différente de celle des informaticiens hospitaliers. J’ai d’ailleurs été récemment stupéfait par l’analyse de type « cas d’usage et personas » réalisé par un laboratoire de l’UTT dans le cadre de notre projet Gino (un véritable scénario de jeu vidéo en mode « Sims » !).
Et puis enfin, à force de persévérance, le fonds Feder finit par payer (au sens propre et au sens figuré), par trois fois dans mon GHT. Et ce fut le début d’une belle aventure, qui non seulement nous permit d’innover en matière de convergence, de services et de lien sanitaire et médicosocial, mais surtout nous amena à valoriser notre travail auprès de nos collègues européens.
De chercheur de fonds, on devient alors VRP, car les subventions données méritent publicité ! Et on découvre un autre monde, celui de la communication, qui de fil en aiguille nourrit ce cercle vertueux de l’appel à projets : mieux vous utilisez et valorisez les fonds donnés, plus vous gagnez en crédibilité et plus on accepte de vous donner encore…
J’ai récemment évoqué le ROI d’un DSI de GHT avec mon DG en lui rappelant les 2,5 millions d’euros récoltés ces trois dernières années : avec une certaine fierté d’abord (j’ai tellement entendu dire depuis 20 ans qu’un informaticien coûte cher à l’hôpital…), mais avec une certaine tristesse aussi, dans la mesure où tout le temps passé à rédiger, contrôler, prouver et récolter, s’était passé au détriment du métier de directeur informatique que j’avais jadis été : eh oui, notre métier de DSI a bien changé !
L'auteur Michaël De Block est directeur de l’information numérique des Hôpitaux de Champagne Sud et administrateur du groupement de coopération sanitaire Santé Numérique, GCS de moyens informatiques du GHT de l’Aube et du Sézannais.
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