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Digitalisation de la santé : avec plus de temps passé devant les écrans qu’avec les patients, reste-t-il encore du temps pour soigner ?
Pour autant, entre la pression des règlementations administratives pesant sur les praticiens et la nécessité de soigner- le coeur de leur métier, l’intégration des technologies numériques dans le quotidien des médecins et de leurs patients n’est pas sans poser de difficultés. A en croire les résultats d’une étude menée par Les Echos Etudes auprès de 200 professionnels de santé français(1) , si beaucoup reconnaissent à l’informatique des avantages, notamment en matière de traçabilité et de sécurité des patients, dans la pratique, il n’est pas rare qu’il s’agisse plutôt d’un problème que d’une solution.
Numérique : efficacité ne rime pas toujours avec productivité
Contextualisé par la campagne présidentielle de 2017, le sujet de la santé et de son système est au coeur des débats. La numérisation de ce secteur n’en est pas à son premier coup d’essai. De nombreux programmes ont déjà vu le jour ces dernières années (Hôpital 2012 ou Hôpital Numérique) afin de poursuivre l’objectif zéro papier et de favoriser la sécurité, la traçabilité, la qualité et la continuité des soins.
C'est dans ce contexte que s'est notamment généralisée l'utilisation du Dossier Patient Informatisé (DPI). Si le DPI facilite notamment la coordination des soins entre les professionnels de santé, et aide à la décision, à l’évaluation et aux études cliniques, il ne permet pas pour autant d’agir sur le temps que le médecin passe à le renseigner. Un élément qui reste préoccupant, à l'heure où les praticiens déclarent passer 40% de leur temps à la documentation médicale, d'après l’étude citée ci-dessus. Pour chaque établissement, cela représente un manque à gagner estimé à 35 000€ par médecin et par an.
Manque de confiance des médecins dans le numérique
L’usage du DPI permet d’accélérer et de fiabiliser les processus de documentation des dossiers patients, pourtant les professionnels de santé ne s’y retrouvent pas toujours : selon l’étude citée ci-dessus, 51% des médecins et 62% des infirmières rencontrent des difficultés dans l’utilisation des logiciels de dossiers patients informatisés. En cause, le manque d’ergonomie de ces outils, que les médecins sont 73% à juger mal adaptés à leurs pratiques, et les problèmes d’ordre technique (bug, lenteur du réseau). A cela s’ajoutent des budgets restreints pour déployer tous les modules du DPI et l’absence de conduite du changement : les médecins ne sont pas ou peu impliqués en amont du développement du projet, ce qui entraîne des pertes de temps et des blocages opérationnels.
Un impact direct sur les médecins et les patients
Les difficultés d’usage du DPI et le temps passé par les praticiens à produire la documentation médicale peuvent être un frein au respect des exigences réglementaires et de qualité. Ainsi, l’envoi des comptes rendus d’hospitalisation effectué au-delà de 8 jours (dans 44% des cas) est une source de risque pour le patient. Il peut par exemple entraîner du retard au niveau des traitements curatifs délivrés ou encore la prescription d’examens déjà réalisés.
Par ailleurs, les 4 heures passées chaque jour à la documentation du dossier patient constituent une entrave inévitable à la journée de travail du médecin et empiètent sur le temps consacré au soin. 68% des médecins déclarent d’ailleurs s’atteler à cette tâche pendant les consultations, soit au moment où ils sont auprès de leur patient. Dans ce contexte, c’est tout l’enjeu de « temps médical » que les praticiens souhaitent et doivent retrouver qui est soulevé.
Une règlementation de plus dans un climat déjà tendu
Parmi les éléments constitutifs du DPI, on trouve le compte rendu d’hospitalisation, nouvellement nommé « lettre de liaison ». Jusqu’à présent, l’exigence en matière de délai d’envoi des comptes rendus d’hospitalisation était fixée par la Haute Autorité de Santé (HAS) à moins de huit jours. A compter du 1er janvier 2017, la loi prévoit de ramener ce délai à J-0, imposant la remise de la lettre de liaison le jour de la sortie du patient, qui pourra l’exiger. Cette obligation est une contrainte supplémentaire pour les établissements de santé et une nouvelle pression pesant sur les médecins, déjà surchargés par les tâches administratives.
Alors que la numérisation devrait encore progresser pour permettre un réel partage des données médicales au sein des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) et avec la médecine de ville, dans un objectif de parcours de soins sans rupture, les médecins continuent de relever de nombreux défis chaque jour. Il est temps que la technologie soit à leur service et non l’inverse, pour leur permettre de retrouver du temps médical.
(1) Etude réalisée auprès de 200 professionnels (médecins, infirmières, DSI et DIM) issus d’hôpitaux privés et publics, de cliniques et de centres de lutte contre le cancer.
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