Santé mobile : où en est-on ? 4. Le patient bientôt aux commandes de son dossier médical ?
14 nov. 2016 - 10:09,
Actualité
- DSIH,@lehalleLes obstacles au développement des usages en santé mobile tombent petit à petit. Tous les acteurs de l’écosystème s’y mettent, des mutuelles et assureurs à la Haute Autorité de santé, en passant par les établissements et les Agences régionales de santé. Retour sur les initiatives les plus marquantes de ces derniers mois.
Le « Bouton bleu » : un concept qui fait son chemin
En mai 2014, DSIH Magazine (n° 12) familiarisait ses lecteurs avec le Blue Button, et sa version mobile, iBlueButton, développée par la société Humetrix à San Diego : « Imaginez une application qui décode les informations de la feuille de soins électronique, agrège les données et les rende disponibles sur le smartphone du patient concerné. » La solution commençait alors à se déployer aux États-Unis et l’on entrevoyait tout l’intérêt qu’elle aurait présenté en France… alors que le DMP était en panne ! Lancé par l’administration Obama dès 2010 pour donner aux Américains la possibilité de télécharger leurs données de santé sur les portails ad hoc ouverts par leurs fournisseurs de soins et de les transmettre eux-mêmes à des services tiers, le concept du Blue Button Connector a été promu en France ces deux dernières années, via les travaux du Conseil national du numérique et de la Fing.
Bettina Experton (à droite) et Marie-Laure de Varennes Bueil, directrice de Humetrix Europe, présentent le prototype de Bouton bleu lors du CES Unveiled Paris.
« Demande expresse de la ministre »
La présidente et fondatrice franco-américaine de Humetrix, Bettina Experton, n’a, de son côté, manqué aucune occasion d’en exposer la déclinaison pratique aux interlocuteurs intéressés, que ce soit au ministère de la Santé ou à la Cnam. On a alors vu le projet d’un Blue Button à la française se préciser. En février dernier, le délégué à la Stratégie des systèmes d’information de santé, Philippe Burnel, indiquait, à l’occasion d’une rencontre Hôpital numérique, que la Cnam était chargée de travailler sur la fonctionnalité « Blue Button, demande expresse de la ministre ». Six mois plus tard, dans son discours de présentation de la stratégie e-santé 2020, Marisol Touraine confirmait son « ambition de répondre à leur demande [celle des patients, NDLR] d’accéder aux informations qui les concernent via un “Blue Button” à la française ».
Un prototype de Bouton bleu
Il n’en fallait pas plus pour que Bettina Experton demande à ses équipes de mettre au point une démonstration de « Bouton bleu » basée sur le traitement d’une feuille de soins électronique, prototype qu’elle a pu présenter à l’occasion du CES Unveiled Paris (1), le 25 octobre (photo ci-dessus). La présidente de Humetrix a mis en avant l’intérêt de proposer, avec une solution telle que le iBlueButton, « une architecture totalement mobile, décentralisée, capitalisant sur un “computing on the edge” (2), plus efficace en temps et en coût, ce qui permet une meilleure protection des données personnelles et l’accès immédiat aux données, sans subir les délais d’accès à des bases de données centralisées… Bases qui sont d’ailleurs plus vulnérables aux tentatives de piratage ».
Elle se tient maintenant prête à répondre à un appel d’offres que la Cnam aurait envisagé de lancer pour doter le futur dossier médical partagé (DMP) d’un accès mobile… Ce chantier reste à l’ordre du jour, le directeur général de la Cnam, Nicolas Revel, ayant évoqué, lors d’un récent Café Nile, « à partir du printemps prochain, une application DMP qui retranscrira les informations médicales de base pour le patient lui-même de manière claire ». Une application d’abord « sommaire », dit-il, mais qui pourra être enrichie ensuite. Sans précisions toutefois sur les choix technologiques qui pourraient être faits à cette occasion…
(1) Cet événement est désormais organisé chaque automne par la Consumer Technology Association afin de donner un avant-goût du fameux CES de Las Vegas, la grande foire de l’électronique grand public qui rassemble chaque année, début janvier, une sélection de start-up prometteuses.
(2) Correspond au rapprochement des ressources – de calcul et de données – des usagers, autrement dit de leur smartphone.