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iHealth joue sur quatre atouts
En véritable collectionneur d’instruments médicaux anciens, Uwe Diegel est capable de raconter l’histoire de chacun de ses objets
Fort d’une vingtaine d’années d’expérience dans la fabrication de dispositifs médicaux, en Chine, Uwe Diegel est entré sur le marché de la santé connectée en imaginant de brancher un tensiomètre sur un iPhone. C’était en 2008 et « cela a bien fait rire chez Apple », se souvient-il. Il n’empêche : le constructeur à la pomme lui a alors donné le droit d’utiliser la marque iHealth et d’exploiter le protocole permettant d’écrire une des premières applis médicales.Ce qui lui vaut le surnom de « Steve Jobs de la santé ». Depuis, trois sociétés ont vu le jour sous le nom de iHealthLabs.
Dans la Silicon Valley, en premier lieu, pour surfer sur la vague du quantified self, dès 2010 : « cela faisait plus sérieux que de se contenter de vendre du made in China », confie Uwe Diegel. Puis à Hong Kong, en 2011, où le marché chinois de la e-santé commençait à bénéficier du soutien du gouvernement. Et enfin à Paris : iHealthLabs Europe, dirigée par Uwe, a la particularité d’y regrouper une équipe de 20 personnes qui se consacrent essentiellement à la recherche et développement.
Dans cet entretien accordé à deux jours avant de rejoindre le CES Las Vegas, rendez-vous incontournable des acteurs de l’électronique grand public, y compris en santé/bien-être, le CE, figure médiatique de ce secteur, expose sa vision du marché de la santé connectée et revient sur ses partenariats les plus récents, notamment avec le Hi-Lab (plateforme d’accélération de l’innovation) de la Clinique Pasteur de Toulouse.
DSIH : Faut-il absolument passer par le CES Las Vegas quand on veut développer une activité dans la santé connectée ?
Uwe Diegel : C’est une plateforme de plus en plus importante, mais il faut bien comprendre que la grande majorité de ce qui est présenté à Las Vegas ne concerne pas la santé mais plutôt le bien-être. Or il faut bien différencier un objet connecté et un dispositif médical connecté, visé par l’ANSM et/ou la FDA. Avec iHealth, nous sommes sur les deux marchés, grand public et professionnel.
C’est pourquoi je me rends au CES, d’autant plus que iHealth est considéré comme précurseur de la santé connectée aux Etats-Unis. Mais c’est à Medica, à Düsseldorf, que l’on voit vraiment les avancées sur le plan médical.
C’est là que je choisis de lancer les dispositifs professionnels. En 2015, je me suis rendu compte que toute l’industrie médicale présente à Medica avait réalisé, pour la première fois, que tout ce qui pouvait être connecté allait l’être. Pour moi, les grandes avancées resteront toujours issues de la recherche clinique. La profusion d’objets connectés dans la santé pose d’ailleurs un problème de gadgétisation qui risque de freiner l’intérêt des professionnels de santé pour ces solutions.
Qu’est-ce qui s’annonce aujourd’hui sur le plan technologique ?
La connexion fixe et filaire des équipements, via câble USB, puis la connexion sans fil, en bluetooth, ont caractérisé ce que l’on peut considérer comme étant les deux premières générations d’instruments connectés, définis comme des wearables (portés ou portables). On voit maintenant arriver ce que je qualifierais de forgettable.
Je veux dire par là que la technologie va permettre de mesurer des signaux de notre corps sans que l’on en soit véritablement conscient et de multiples paramètres seront enregistrés par un seul appareil, peu ou non invasif.
C’est un peu le modèle du boîtier de Scanadu, comparable à un laboratoire portatif.
Etes-vous en train de travailler à des innovations de rupture ?
80% de nos 54 projets de Ret D en cours portent sur des évolutions de produits, qu’il s’agisse du design, de fonctionnalités supplémentaires ou de protocoles de communication moins chers, l’objet du produit restant le même. 15% correspondent à des révolutions, avec des technologies existantes détournées vers de nouveaux usages.
Dans cette catégorie, je suis sur le point de lancer une bague (iHealth Hero) qui mesure en permanence la saturation d’oxygène sur une période de 24 heures et permet de l’analyser, pour les malades qui souffrent d’apnée du sommeil notamment. Trois de nos projets constituent des Moon Shots, selon l’expression qui signifie que l’on cherche à décrocher la lune.
Il s’agit de recherche vraiment fondamentale. Dans le domaine du diabète par exemple, je travaille sur une innovation de rupture qui passe par une solution évitant d’avoir à se piquer au bout du doigt trois fois par jour pour mesurer sa glycémie.
Vous avez rejoint le Hi-Lab de la clinique Pasteur à Toulouse. En quoi consiste votre partenariat ?
Je commencerai par expliquer ce qui différencie iHealth et explique sans doute le choix de la clinique Pasteur.
En effet, je considère que les produits iHealth ne sont pas meilleurs que leurs concurrents. En revanche, nous avons quatre atouts : le contrôle de la fabrication de nos produits de A à Z dans les usines chinoises, une histoire de 20 ans de culture médicale et clinique, un cloud sécurisé par un hébergeur agréé de données de santé (IDS) et une facilité d’intégration avec des API 100% ouvertes.
Pour la clinique Pasteur, cela offre la possibilité de développer une plateforme de gestion des patients qui facilite leur télésuivi et limite, par conséquent, les risques de réadmission. Une telle plateforme contribue à bâtir des ponts entre les médecins, l’établissement et les patients, ce qui représente une attente forte de la part des malades chroniques par exemple.
J’observe par ailleurs que les groupes d’établissements privés en France sont de plus en plus demandeurs de cette facilité d’intégration que nous pouvons apporter.
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