Publicité en cours de chargement...
Le cauchemar numérique hante les hôpitaux
"DISTRACTION ÉLECTRONIQUE"
Le New York Times, qui vient de consacrer un article à ce sujet, cite d'autres données et témoignages édifiants. Ainsi d'une étude, américaine toujours, auprès de plus de 400 perfusionnistes, les techniciens en charge des techniques de circulation extracorporelle (CEC), utilisées dans certaines opérations du coeur. Cette enquête, publiée en 2011 dans la revue Perfusion, révèle que 55 % utilisent leur téléphone portable pendant des procédures de CEC et presque autant envoient des textos ; 20 % des propriétaires de smartphone vérifient leurs courriels et 15 % vont sur Internet. Pourtant, 80 % sont conscients des risques qu'ils font prendre à leurs patients.
Quid des chirurgiens ? A priori, il n'est pas évident, surtout dans certaines spécialités, de surfer ou de téléphoner pendant une intervention sanglante, et les appels sont souvent pris par une infirmière. Mais la donne est en train de changer avec l'utilisation croissante de robots chirurgicaux, où ces praticiens opèrent assis depuis une console, sans vêtements stériles ni gants... Les dangers ne sont pas que théoriques. Récemment, rapporte le New York Times, un patient paralysé après une opération s'est retourné contre son neurochirurgien. Celui-ci, équipé d'un kit mains libres, avait répondu à de nombreux appels téléphoniques personnels pendant l'intervention. Dans un autre cas au moins, cette "distraction électronique" a eu des conséquences fâcheuses. Aux Etats-Unis, un homme de 56 ans a été victime d'un grave surdosage d'anticoagulants parce que le médecin qui devait donner l'ordre de les arrêter - en envoyant un message de son smartphone - a oublié de le faire, distrait par la réception d'un SMS l'invitant à une fête.
Si ces appareils électroniques ont aussi envahi les hôpitaux français, la situation y est moins caricaturale, selon plusieurs médecins. Pour le professeur Pascal Rischmann, urologue au CHU de Toulouse, être joignable en permanence permet aux praticiens de régler plus vite des situations d'urgence. "Mais il faut un code de conduite", concède l'urologue, qui n'a été amené qu'une fois à demander l'extinction générale des portables au bloc dans une situation difficile. Un autre chirurgien défend ses collègues anesthésistes, en rappelant que leur travail, en dehors des phases cruciales d'induction et de réveil, comporte de nombreux temps morts. "Auparavant, ils lisaient ; maintenant, ils surfent, ce n'est pas choquant", assure-t-il.
Sandrine Cabut
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

Cybersécurité hospitalière : le GHT Rhône Nord Beaujolais Dombes, premier lauréat du programme CaRE
09 mai 2025 - 16:39,
Actualité
- DSIHLe programme CaRE franchit une étape clé. Moins d’un an après le lancement de son premier appel à financement dédié à la sécurisation des annuaires techniques et de l’exposition sur Internet, la direction du programme annonce la validation du premier dossier ayant atteint l’ensemble des objectifs fi...

Ce que nous enseigne la mégapanne électrique dans la péninsule ibérique
05 mai 2025 - 23:11,
Tribune
-Impossible de l’avoir ratée, la mégapanne électrique chez nos amis espagnols et portugais. Cet incident est riche d’enseignements, et force est de constater qu’il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. D’abord, selon nos informations à ce jour, il n’y a eu aucune victime : c’est une bonne nouvelle.

Un hôpital, sous-traitant, sanctionné pour ne pas avoir déclaré les sous-traitants ultérieurs
02 mai 2025 - 16:13,
Tribune
- Alexandre Fievee, Gaétan Dufoulon et Alice Robert de Derriennic AssociésPar décision du 10 avril 2025 [1], l’autorité de contrôle espagnole a infligé une amende de 500.000 euros à un hôpital qui avait recruté des sous-traitants ultérieurs sans en informer préalablement le responsable du traitement.

Éthicovigilance numérique : premiers signaux d’alerte dans la santé connectée
24 avril 2025 - 15:14,
Actualité
- DSIHLa Délégation au numérique en santé (DNS) publie le premier rapport d’activité de la Plateforme d’éthicovigilance du numérique en santé, un dispositif inédit lancé fin 2023 pour recueillir les signalements d’usagers et de professionnels confrontés à des enjeux éthiques liés aux technologies de santé...