Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Essor des usages numériques en santé mentale

15 déc. 2025 - 21:36,
Actualité - Damien Dubois, DSIH
Le 11 décembre, le collectif MentalTech a publié le premier état des lieux national sur les usages numériques en santé mentale. Ils séduisent un Français sur deux malgré un besoin de réassurance.

collectif-mentaltech.pngLe collectif MentalTech a dévoilé la première étude d’envergure consacrée aux usages numériques en santé mentale en France, réalisée en collaboration avec l’Ifop dans le contexte du prolongement de la santé mentale comme Grande Cause nationale en 2026 et de l’explosion de la demande de soins.

Des usages croissants avec des écarts générationnels

D’après l’étude, 48 % des Français utilisent un outil numérique pour leur santé mentale et 14 % des non-utilisateurs ou des utilisateurs passés pourraient en utiliser dans les prochains mois. Le principal atout du numérique en santé mentale est de faciliter l’accès aux soins, mais ce n’est pas un substitut thérapeutique. Les outils plus « institutionnels » tels que les plateformes de prise de rendez-vous, les objets connectés et la téléconsultation, utilisés respectivement par 25 %, 21 % et 13 % des Français, inspirent plus confiance que les réseaux sociaux, perçus comme trop peu fiables.


Il est à noter que les écarts générationnels sont particulièrement marqués pour les usages innovants. En effet, l’IA conversationnelle attire 36 % des moins de 35 ans contre seulement 13 % de leurs aînés, latéléconsultation 27 % contre 9 % et les applications pour addiction 20 % contre 5 %.

Une préférence pour les sujets non pathologiques ou faiblement stigmatisants

Les usages thérapeutiques ciblés semblent marginaux. En effet, 15 % seulement des Français utilisent un outil numérique pour un problème précis comme l’anxiété, le sommeil, le stress ou les addictions. Les pratiques sont centrées sur des sujets non pathologiques ou faiblement stigmatisants comme le développement personnel (7 %), la santé mentale au travail (6 %), les troubles du sommeil (5 %), le soutien émotionnel ponctuel (5 %) ou les troubles légers (5 %).

Les projections vont dans le même sens : 38 % envisagent d’utiliser un outil pour la prévention (information, auto-évaluation), 34 % pour le sommeil, 32 % pour le développement personnel, 30 % pour le soutien émotionnel et 25 % pour la santé mentale au travail. Quant aux usages liés à des troubles sévères, ils restent largement rejetés (81 % des Français).

Un recours grandissant à l’IA en santé mentale

Selon l’étude, près d’un Français sur cinq a déjà utilisé une IA conversationnelle, un chatbot ou un assistant virtuel pour sa santé mentale, et 8 % le font régulièrement. Ces usages concernent l’écoute, pour 40 % des Français, le soutien émotionnel, pour 39 %, et les conseils pratiques, pour 37 %. 68 % des répondants se déclarent « plutôt » ou « moyennement » satisfaits, contre seulement 14 % de « très satisfaits ».

« Nous parlons plus facilement à une machine qu’à un humain, grâce à ce que l’on appelle la désinhibition numérique, explique le Dr Fanny Jacq, psychiatre et membre fondateur du collectif MentalTech. L’IA offre une forme de douceur constante, une disponibilité absolue, jour et nuit, qui rassure les plus jeunes comme les plus isolés. Elle devient un sas de décompression, une “soupape”, parfoismême un premier pas avant de parler à un proche ou à un professionnel. »

Un déficit de confiance malgré des bénéfices reconnus

Les outils numériques en santé mentale rencontrent une confiance modérée. Les plateformes de rendez-vous enregistrent les meilleurs niveaux de confiance (53 % au global, 80 % chez les utilisateurs actuels) etd’efficacité (dans les mêmes proportions). La téléconsultation est jugée crédible, utile, et son efficacitéperçue dépasse même la confiance qu’on lui accorde (30 % de confiance et 40 % d’efficacité perçue).

L’IA conversationnelle et les réseaux sociaux accusent un certain scepticisme, avec respectivement17 % et 14 % de confiance. Pourtant, plus de la moitié des utilisateurs réguliers d’IA ou de réseaux sociaux dédiés à la santé mentale les jugent utiles, contre un quart seulement des intentionnistes.

Et surtout, 92 % des Français ayant recours à au moins un outil déclarent en percevoir un bénéfice : l’accès facilité à l’information (47 %) et aux soins (38 %), le sentiment d’autonomie (26 %), le soutien émotionnel (25 %) et la réduction de l’isolement (22 %).

L’accompagnement humain et la validation scientifique jugés indispensables

L’enquête fait également ressortir les risques liés au numérique en santé mentale, à commencer par les fausses informations. 86 % jugent ce risque de modéré à très élevé. Viennent ensuite le vol ou l’usagemalveillant des données (86 %), le manque d’efficacité (81 %), l’isolement (80 %) et la dépendance (77 %). Il semble que les inquiétudes soient davantage externes (désinformation, cybersécurité) qu’internes (effets psychologiques). Il en ressort un besoin d’information et de transparence, de sourcesvalidées, de contenus traçables et de garde-fous techniques.

Côté perspectives, 65 % des Français souhaitent un accompagnement humain en complément des outils, et 86 % redoutent la désinformation ou la fuite de données, d’où l’importance des garanties humaines ou scientifiques dans les process. « Cette étude confirme que l’avenir de la santé mentale ne se joue pas entre tradition et innovation, mais dans leur articulation intelligente, précise le Dr Fanny Jacq. Si ces outils permettent d’accélérer l’accès aux soins, de réduire l’isolement et d’apporter un premier soutien, alors il nous appartient d’explorer cette voie avec rigueur, éthique et humanité. »

Le collectif MentalTech souhaite participer à la structuration d’un écosystème éthique et sécurisé en appelant à accélérer la validation scientifique et clinique des outils, à renforcer la transparence et laprotection des données, à intégrer les professionnels de santé à la conception et au développement dessolutions, tout en soutenant un modèle où le numérique complète, et jamais ne remplace, l’humain.

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Adopt AI 2025 : la santé passe à l’échelle, sous le regard du terrain hospitalier

Adopt AI 2025 : la santé passe à l’échelle, sous le regard du terrain hospitalier

01 déc. 2025 - 11:56,

Actualité

- Morgan Bourven, DSIH

L’Adopt AI International Summit 2025 s’est tenu les 25 et 26 novembre dans le cadre prestigieux du Grand Palais. Artefact y a accueilli près de 20 000 participants, 600 intervenants et 250 exposants, avec un moment fort : la venue du président Emmanuel Macron. Pensé comme un lieu où les idées se tra...

Illustration L’IA générative on-premise : retours d’expérience et stratégies concrètes

L’IA générative on-premise : retours d’expérience et stratégies concrètes

27 nov. 2025 - 14:42,

Actualité

- Morgan Bourven, DSIH

À l’occasion de la conférence « Transforming Hospitals Through On-Premise Generative AI » organisée dans le cadre de l’évènement Adopt AI, le 25 novembre à Paris, des experts ont partagé leurs visions sur l’intégration de l’intelligence artificielle générative au sein des établissements de santé. Po...

Illustration IA en imagerie médicale : le Catel publie un livre blanc pour lever les verrous et passer à l’action

IA en imagerie médicale : le Catel publie un livre blanc pour lever les verrous et passer à l’action

26 nov. 2025 - 12:40,

Actualité

- Morgan Bourven, DSIH

Le Catel a dévoilé la première partie de son Livre Blanc « Le déploiement de l’IA en imagerie médicale : de la promesse à la pratique », le 25 novembre à l’occasion du salon Adopt AI, à Paris. Il vise à identifier les freins concrets à l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’imagerie et ...

Illustration Anne Ferrer, ambassadrice de l’IA à l’hôpital

Anne Ferrer, ambassadrice de l’IA à l’hôpital

24 nov. 2025 - 22:33,

Actualité

- Propos recueillis par Pierre Derrouch

Entre le Centre hospitalier de La Roche-sur-Yon, où elle a démarré sa carrière en 1999, jusqu’à la fonction de directrice générale du CHU de Montpellier qu’elle a rejoint en 2023, en passant par le CH de Rochefort ou les CHU de Bordeaux et de Nantes, dont elle a piloté les finances, et celui de Toul...

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.