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L’avenir de l’IA : vous préférez la version bisounours ou brute de décoffrage ?
Sur l’évolution exponentielle des capacités de l’IA (prédiction n° 1), pas très difficile à pronostiquer et difficile de ne pas être d’accord.
Pour la prédiction n° 2 (vision « the winner takes it all » de la course à l’échalote que représente l’IA), là encore, pas difficile à prévoir : il en a toujours été de même pour toutes les innovations technologiques depuis le temps des cavernes. Les premiers groupes d’hommes à avoir mis au point l’arc ont botté les fesses à toutes les tribus alentour. La vraie question est plutôt de savoir si une telle avance technologique est durablement maintenable : même l’empire du Milieu n’a pas réussi à protéger longtemps le secret des vers à soie.
Avec la prédiction n° 3 (l’IA élèvera l’esprit humain vers des sommets), là par contre, ça part en cacahuète. Depuis quand une invention et une technologie élèveraient-elles « l’esprit humain vers de nouveaux sommets » ?
Pour ce qui est de la prédiction n° 4 qui consiste à utiliser l’IA pour causer comme avec son meilleur pote ou son psy, c’est sûr que certains vont se prendre au jeu, mais je ne vous raconte pas les prochaines fuites de données personnelles, ça va être rock’n roll chez les DPO.
Prédictions nos 5 et 6 : mouais, faut voir. No comment.
Prédiction n° 7 : Altman est convaincu que « le bon l’emportera largement sur le mauvais ». Mais oui, bien sûr. Amour, paix, petites fleurs, je vous aime tous, passe-moi la beuh Monique. Non mais sans rire, quand vous allumez votre TV ou votre émission d’actualité tous les matins, vous avez vraiment l’impression que les technologies passées ont permis au « bon » de l’emporter sur le « mauvais » ? On se tapera juste sur la tronche avec des gourdins de plus en plus gros, l’IA n’est que le prochain gourdin de la liste.
Prédiction n° 8 : la puissance de calcul va devenir la monnaie de demain. Pas bête, j’adhère.
Bon, maintenant, à mon tour, prédictions pas forcément dans l’ordre.
Ma prédiction n° 1 : il est certain, absolument certain, que l’industrie du X (qui a survécu à absolument tout depuis 70 000 ans) va très rapidement adapter cette technologie pour nous vendre des abonnements Premium à Pornhub ou consorts, que les services du fisc vont bientôt imaginer des taxes (ni vous ni eux ne savent encore sur quoi, mais faites-leur confiance, ils trouveront) et que les juristes ou autres baveux plumitifs vous nous pondre des textes de loi en pagaille. Parce que les choses se passent toujours comme ça.
Ma prédiction n° 2 : la guerre en Ukraine est un gigantesque laboratoire de mise au point et de déploiement d’armes AI-based. La lecture de certains articles sur les essaims de drones autonomes fait froid dans le dos, et les armes conventionnelles (notamment aériennes et antiaériennes) risquent très vite de se retrouver obsolètes. De quoi avoir les chocottes, j’espère juste que l’Europe va rattraper son retard et que tout le monde va développer des armes de même niveau, sinon danger. Même sketch évidemment à prévoir côté cyber, et si la même trajectoire que celle des outils conventionnels d’attaque (tous disponibles quasi gratuitement sur le Web et utilisables par des lycéens) est suivie, et si l’on prend en compte l’écosystème des outils de défense dont on dispose (ils sont tous à peu près nazes), de beaux jours attendent les équipes cyber et les SOC.
Ma prédiction n° 3 : on va assister à une mise à jour globale des plaquettes marketing de tous les produits possibles, du frigo à la bagnole en passant par les sextoys et les crèmes de jour, les marketeux de la terre entière vont coller de l’IA dans leurs publicités – et cela ne voudra rien dire, pas plus que le Big Data, l’heuristique, le multimédia et toutes les modes débiles qui se sont succédé. Accessoirement, celui qui ne mettra pas de l’IA dans son CV sera professionnellement mort : si t’as pas fait de l’IA avant 50 piges, t’as raté ta vie.
Ma prédiction n° 4 : étonnamment Altman passe cet aspect sous silence, mais l’IA va être hyperécolo, rien qu’avec des éoliennes et des panneaux solaires – et un soupçon d’eau bénite. Non, je blague, ça va consommer une énergie de barjo et polluer comme aucune autre techno avant. On va continuer d’augmenter la production de charbon comme depuis 200 ans – on n’en a jamais autant extrait – et de bois – on n’en a jamais autant brûlé – avec quelques centaines de centrales nucléaires de par le monde pour alimenter les algorithmes de ChatGPT 18. Vous voulez parier ?
Ma prédiction n° 5 : personne, absolument personne, n’a de prévision fiable sur le temps que mettra l’IA à détrôner ce qui est en place, que l’on parle de l’écosystème IT, des programmes à la papa, etc. Le tracteur a mis plus de 40 ans à détrôner le cheval[2] et, pour le quantique, on transpire depuis plusieurs décennies déjà. Seule certitude en ce bas monde : les Gafam vont récupérer une bonne part du gâteau, et une entreprise disruptive se glissera éventuellement parmi les magnificent seven[3] – qui vont devenir les magnificent eight.
Ma prédiction n° 6 : l’industrie de la cyber (matos et logiciels) qui est globalement inefficace (pour rester poli) va rapidement s’approprier le sujet soit pour coller de l’IA (prétendue) dans ses produits (et nous les facturer avec des options qui vont coûter une blinde), soit pour prétendre nous protéger des dangers de l’IA – ils ne savent pas encore comment et vous non plus, mais ils vous le factureront quand même.
De rien.
[1] https://twitter.com/agora_france/status/1776279168361070707
[2] Cf. le podcast de Philippe Silberzhan : https://philippesilberzahn.com/2024/03/25/ce-que-l-histoire-du-tracteur-peut-nous-apprendre-sur-l-impact-previsible-de-l-ia/
[3] Les sept plus grosses entreprises du S&P 500, en gros les Gafam + Tesla + Nvidia.
L'auteur
Responsable Sécurité des systèmes d’information et correspondant Informatique et Libertés au CHU de Nantes, Cédric Cartau est également chargé de cours à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). On lui doit aussi plusieurs ouvrages spécialisés publiés par les Presses de l’EHESP, dont La Sécurité du système d’information des établissements de santé.
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