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Winship Cancer Institute d’Atlanta : un centre oncologique à la pointe (2/2)

11 mars 2024 - 09:30,

Actualité

- DSIH, Par Delphine Guilgot
Vendredi 8 mars, le Winship Cancer Institute d’Atlanta, clinique spécialisée en oncologie, recevait la délégation française portée par le CATEL pour une visite de ses bâtiments flambant neufs et une présentation de leur parcours de prise en charge à la pointe de l’innovation technologique et organisationnelle. Organisé autour du patient et d’une vision holistique de la prise en charge, nous avons vu hier comment la technologie accompagnait cette révolution. Continuons notre visite avec un focus sur la pharmacie hospitalière et une analyse de l’acceptabilité de l’innovation par les utilisateurs. Et posons ensemble la question de la transposition au modèle français. (2/2)

Une pharmacie hospitalière à la pointe des dernières tendances

Le circuit du médicament est également un exemple de traçabilité. « Chaque médicament et chaque bon de commande qui entrent dans le bâtiment sont scannés. Je peux savoir à tout moment où il a été stocké et distribué » explique Ryan Haumsschild, directeur du pôle pharmacie. L’enjeu était de taille : comment assurer la conservation et le transfert des médicaments extrêmement coûteux et nécessitant une manipulation précautionneuse ? Le pharmacien a fait la démonstration du circuit complet du médicament dans l’établissement. En complément de l’usage des tubes pneumatiques, des petits monte-charges circulent ainsi entre les étages, facilitant le travail des infirmières en leur évitant des allers-retours multiples entre la pharmacie principale et les services de soin.

De nouvelles pratiques innovantes au service de la marque employeur 

« Nous avons dû embaucher près de 800 personnes à l’ouverture, et notamment des professionnels en oncologie expérimentées. Ce tout nouveau bâtiment est un environnement de travail attrayant mais le nouveau modèle de prise en charge aussi, je pense » analyse le Dr Cardona, oncologue et médecin chef associé de l’établissement. Les technologies aussi certainement. « Nous voulons fournir les meilleurs soins au patient, mais aussi maintenir l'équilibre travail-vie personnelle de nos équipes » confie le Dr Cardona. L'introduction de l'Intelligence Artificielle dans le dossier médical électronique permet par exemple de les libérer des tâches quotidiennes de saisie, très chronophages notamment pour la gestion des remboursements. 

Un argumentaire rodé pour développer l’acceptabilité

Ces technologies, notamment celles liées à la géolocalisation, n’ont-elles pas effrayées les patients comme les professionnels ? La direction explique avoir anticipé les demandes en préparant des éléments de langage distribués en même temps que les badges lors de l'inscription. Il s’agit de montrer aux patients comment la technologie peut aider l’équipe soignante à prendre soin d’eux et à leur assurer une visite la plus courte possible et la plus efficiente. Du côté du personnel, alors que la sensibilité américaine aux enjeux de sécurité personnelle, l’accès au bouton d’alerte les a certainement rassurés. Quoiqu’il en soit, l’établissement a choisi d’adopter une communication transparente tant vis-à-vis de ses patients que de ses équipes. Mais tous en conviennent : ils n’ont pas vraiment eu de préoccupations majeures sur le sujet…histoire de culture peut-être.

Un modèle transposable en France ?

Au sein de la délégation française emmenée par le CATEL, les discussions s’engagent. « Le modèle américain est difficilement transposable aux hôpitaux français », estime le Pr Pascal Staccini, responsable du Département d’Information Médicale du CHU de Nice et du GHT Alpes-Maritimes. « Les process managériaux et la culture de l’évaluation sont très différents » continue-t-il. « On pourrait cependant comparer le fonctionnement du Winship Cancer Institute à celui de nos Centres de Lutte Contre le Cancer. » Il retiendra plutôt de cette visite l'intérêt d’associer les employés et les patients dès le début des projets pour faciliter l’acceptation et l'adoption d’organisations innovantes, comme par exemple le dispositif de « géolocalisation » par badge en temps réel des personnels et des patients pour l’analyse quotidienne des workflows et des durées de prise en charge, avec la possibilité de déclencher une alerte en cas de danger. « C’est souvent sur ce point de co-construction que l’on pêche, même si ces dernières années, des progrès ont été faits. »

De son côté, Paul Milon, Directeur des systèmes d’information du CHI de Toulon-La Seyne, du CH d’Hyères et DSI du GHT du Var, imagine un possible développement des technologies de géolocalisation, mais dans un tout autre contexte. « Aujourd’hui, des solutions sont déjà utilisées pour empêcher des sorties inopinées d’établissements, dans les maternités pour éviter les vols de nouveau-nés, ou encore dans les services accueillant des personnes âgées démentes qui risqueraient de fuir » explique-t-il. Mais depuis quelques temps, d’autres demandes émergent. Elles concernent cependant essentiellement le matériel et les appareils biomédicaux. « La géolocalisation des agents ne me semble pas applicable en France, notamment pour des raisons légales et réglementaires » prévient-il. « Les organisations syndicales pourraient s’interroger, à juste titre, sur le sujet ». Et de conclure : « Il nous faut être prudent. La technologie doit être au service de l’organisation, mais n’a pas d’utilité si celle-ci n’est pas prête à la recevoir. »

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