Publicité en cours de chargement...
Pourquoi les messages de phishing passent-ils encore les portes des anti-spams ?
De nombreux éditeurs se sont spécialisés depuis longtemps dans la lutte contre les messages indésirables, le spam tout d’abord, et désormais le phishing avec sa vocation malveillante.
Alors pourquoi les messages de phishing continuent de passer à travers les mailles du filet ?
Tout simplement car les attaquants sont malins !
Écartons les cas où ils utilisent des messageries déjà compromises pour tenter de piéger leurs victimes et observons quelques techniques en vogue.
1. L’achat de noms de domaines
Cette méthode n’est pas nouvelle, mais elle s’est vraiment développée depuis 2022. Acheter des noms de domaines assez proches de noms de domaines réels pour tromper les victimes en usurpant l’identité d’entités connues, et notamment d’établissements de santé est assez efficace pour passer les barrières des solutions de protection de la messagerie.
Les exemples ci-dessus sont extraits de la liste du projet Red Flag Domain, l’excellente initiative de Nicolas Pawlak dont le but est de référencer les noms de domaines français suspectés d’êtres achetés dans le but de réaliser des campagnes de phishing.
2. Abuser de noms de domaines pour lesquels aucune protection n’a été mise en place
Trouver un nom de domaine pour lequel la déclaration SPF [3] serait absente ou mal configurée, aucune clé pour la signature DKIM [4] et aucune politique DMARC [5] ne seraient déclarées au niveau DNS, en 2024, c’est encore possible, mais trouver un nom de domaine assez proche de celui d’une entité connue serait une véritable aubaine pour un attaquant !
C’est ce qu’il s’est passé le 25 décembre dernier lors d’une vaste campagne ayant ciblé les clients du registrar et hébergeur français Gandi.
Coup de chance, coup de génie ou les deux, le ou les attaquants derrière cette campagne ont usurpé l’identité de Gandi à l’aide du nom de domaine gandi[.]com, un domaine existant appartenant à une société américaine exerçant dans le secteur de l’immobilier :
Le message n’a pas été arrêté par les anti-spams, notamment sur les boîtes aux lettres hébergées chez Gandi lui-même !
Pas vraiment surprenant car le niveau de protection pour ce domaine est assez faible et la liste d’expéditeurs autorisés assez importante, comme il est possible de le constater sur l’outil mis à disposition par le service du HFDS des ministères économiques et financiers [6] :
Il était donc parfait pour réaliser une campagne de phishing à l’encontre des clients Gandi.
3. Utiliser des services gratuits qui permettent d’« usurper » une adresse de messagerie
Certains services permettent d’envoyer des messages au nom d’une personne, ou plutôt son adresse de courriel sans en vérifier la possession. C’était le cas jusqu’à il y a encore quelques mois sur le service de partage de fichiers Swiss Transfer. Les messages étaient émis par le serveur de messagerie de Swiss Transfer, avec une adresse expéditrice légitime (noreply[AT]swisstransfer.com), donc aucun souci pour les anti-spams, mais c’est dans le corps du message que se trouvait l’adresse du pseudo expéditeur, pour laquelle il était possible de saisir n’importe quelle adresse puisqu’aucune vérification n’était demandée. Un outil parfait pour piéger en masse !
Pour conclure, malgré les nouvelles mesures de protections et l’évolution constante des outils de protection, il ne sera jamais possible de trouver une solution technique qui arrêtera 100 % des messages non désirés. La sensibilisation des utilisateurs a donc encore de beaux jours devant elle.
[1] https://en.m.wikipedia.org/wiki/Laurence_Canter_and_Martha_Siegel
[2] https://en.m.wikipedia.org/wiki/Spamming#History
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sender_Policy_Framework
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/DomainKeys_Identified_Mail
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/DMARC
[6] https://ssi.economie.gouv.fr/courriel
L'auteur
Chef de projet sécurité numérique en santé - GCS e-santé Pays de la Loire Charles Blanc-Rolin est également vice-président de l’APSSIS (Association pour la promotion de la Sécurité des Systèmes d'Information de Santé)
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

Protéger la totalité du parcours du patient pour préserver la continuité des soins : un impératif face aux cybermenaces
23 juin 2025 - 15:53,
Tribune
-Les hôpitaux sont aujourd’hui les cibles privilégiées des cyberattaques, menaçant la confidentialité des données, la disponibilité des services et, surtout, la sécurité des patients. Dans le contexte géopolitique actuel, marqué par la cyberguerre et l’escalade des tensions internationales, il est ur...

CareLib : une innovation co-construite au service du soin à l’EHPAD Les Charmilles
23 juin 2025 - 10:49,
Actualité
- Maellie Vezien, DSIHEn EHPAD, un résident chute en moyenne 1,7 fois par an, contre 0,65 à domicile. Un chiffre qui en dit long sur l’urgence de pouvoir détecter rapidement ces incidents et offrir un moyen simple et fiable d’appeler un soignant, peu importe l’endroit où se trouve le résident.

IA et santé : cap sur une cybersécurité consolidée et proactive
18 juin 2025 - 10:57,
Communiqué
- Trend MicroLe secteur de la santé, porté par la vague de l’IA, veut gagner en flexibilité, innover dans la prise en charge des patients et maîtriser les coûts. Des promesses qui ne se concrétiseront que dans un cadre de sécurité robuste. En effet, l’IA se révèle à double tranchant. Elle renforce les lignes de ...

Appel à propositions de l’Europe pour la cybersécurité des PME et des organismes publics
16 juin 2025 - 22:18,
Actualité
- Damien Dubois, DSIHLe 12 juin, la Commission européenne a annoncé un investissement de 145,5 millions d’euros pour soutenir la cybersécurité des PME, administrations et établissements de santé.