StopCovid, appli or not appli
Ce dimanche, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a affirmé avoir « bon espoir » que l’application de suivi numérique StopCovid soit prête fin mai, début juin. La veille, Olivier Véran, ministre de la Santé avait affirmé à l’AFP qu’elle ne serait pas disponible pour le déconfinement et que si elle « devait voir le jour […], il y aurait un débat spécifique au Parlement ».
Une appli de suivi de contact
L’application alertera les utilisateurs de la proximité de personnes diagnostiquées positives au Covid-19 et disposant de la même application. StopCovid repose sur le volontariat. La recherche de contacts, ou contact tracing, s’effectue par Bluetooth, sans géolocalisation. Le consortium qui planche sur le développement du projet est composé d’industriels (Capgemini, Dassault Systèmes, Lunabee Studio, Orange et Withings) et d’organismes publics (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, Inserm et Santé publique France), sous le pilotage de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria).
Un gouvernement qui recule
Pour le gouvernement, cette application est utile en complément des enquêtes sanitaires qui seront menées par les brigades sanitaires pour remonter les chaînes de contamination, en cas de contact avec quelqu’un que l’on ne peut pas identifier. La porte-parole a également précisé que le débat parlementaire est légitime « parce qu’il y a évidemment des inquiétudes, des questionnements sur le respect des libertés publiques ».
Est-ce un début de recul face aux limites, notamment techniques ? Outre les questions de détention d’un smartphone, de compétence et de zones blanches, l’application nécessite d’activer le Bluetooth, en continu en arrière-plan, ce qui n’est pas une préconisation d’usage commune.
L’avis mesuré de la Cnil
La semaine dernière,la Cnil a estimé que le dispositif était conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD) s’il garantit l’utilisation de pseudonymes protégés. La Cnil rappelle que « l’application ne peut être déployée que si son utilité est suffisamment avérée et si elle est intégrée dans une stratégie sanitaire globale ». De plus, les données doivent être conservées pendant une durée limitée. L’application repose sur le volontariat et ne doit donc pas donner lieu à des conséquences négatives en cas de refus d’utilisation : accès aux tests et aux soins ou aux transports en commun. La Cnil recommande une évaluation régulière du dispositif. Enfin, elle souhaite être saisie à nouveau du projet après les débats parlementaires.
Des soutiens en ordre dispersé
Si l’application n’est pas rejetée d’emblée par les professionnels de soins, elle provoque une série d’interrogations, voire du scepticisme, concernant non seulement la mobilisation des Français pour la télécharger et donc, in fine, son utilité, mais aussi la démarche elle-même et les personnes chargées de conseiller, d’expliquer et d’accompagner. Le 25 avril, unesoixantaine de scientifiques avait défendu dans une tribune du Mondele recours au numérique en santé dans ce contexte.
De son côté, le Conseil national de l’ordre des médecins soutient l’initiative si elle n’est qu’un élément qui s’ajoutera à un ensemble de mesures sanitaires mises en œuvre dans le cadre d’une stratégie globale de déconfinement, notamment de dépistage massif. Un cadre partagé par le Syndicat national des jeunes médecins généralistes. Le Conseil appuie également sur l’importance de ne pas géolocaliser les utilisateurs et d’empêcher le croisement des données de santé pour garantir un anonymat total. Si elle émet un avis favorable, l’Académie nationale de médecine préconise quant à elle de réévaluer son utilisation au bout d’un, puis de deux mois.
Enfin, le 26 avril, une centaine d’« informaticiens qui ont de l’intérêt pour les domaines de la cryptologie et de la sécurité informatique, sans s’en sentir spécialistes » ont mis en garde contre une application porteuse de « risques très importants quant au respect de la vie privée et des libertés individuelles » en faisant référence aux types de dérapage envisageables en termes d’atteinte à la vie privée avec les technologies Bluetooth.
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