Nouveaux services, nouvelles organisations, nouveaux usages : la e-santé à l’épreuve du covid-19 en Occitanie
17 avril 2020 - 19:03,
Communiqué
- e-santé OccitanieDepuis le 17 mars, premier jour de confinement, les professionnels de santé adressent trois demandes immédiates : soigner à distance, orienter et suivre les malades présentant des symptômes du covid-19, disposer de nouveaux flux d’échanges sécurisés.
En Occitanie, le Groupement Régional d’Appui au Développement de la e-santé (GRADeS) accélère des projets existants et adapte ses services pour répondre aux nouveaux besoins, la priorité étant de déployer rapidement des outils sécurisés, robustes et adaptés aux pratiques.
Les deux outils régionaux de téléconsultation avec le patient, recommandés par l’Agence Régionale de Santé (ARS), TéléO pour les médecins des établissements et Médicam, porté par l’URPS Médecins Libéraux d’Occitanie, totalisent jusqu’à 2000 téléconsultations en une journée (à 90% pour la médecine de ville).
Dans le sillage du développement des téléconsultations et de la prolongation du confinement, les pharmacies ont besoin de pouvoir utiliser la messagerie sécurisée de santé (MSS) pour les ordonnances dématérialisées. Les créations de compte pour les officines de ville sont en cours.
3500 médecins et infirmiers libéraux orientent et suivent des malades présentant des symptômes du covid-19 avec une fiche numérique partagée. Cet outil numérique a été conçu et développé en quelques jours pour aider à l’orientation du patient en fonction de ses symptômes cliniques et des facteurs de risque et partager en temps réel des informations de suivi entre médecins, infirmiers et services d’infectiologie des hôpitaux. Plus de 13 800 fiches de télésuivi ont été créées depuis le 19 mars. Seule une minorité de ces patients (0,6%) est orientée vers un hôpital.
La fiche évolue très régulièrement en fonction des connaissances sur la maladie et des usages sur le terrain, dans la région. La prochaine version intégrera une ouverture plus importante au sein des différents services de l’hôpital (urgences, réanimation, soins intensifs) pour leur permettre d’accéder aux fiches existantes mais également d’assurer la continuité de la prise en charge avec la médecine de ville au moment des sorties d’hospitalisation.
De plus, des services existants ont été enrichis de fonctionnalités pour mieux identifier les patients covid-19 tout au long de leur parcours hospitalier. L’outil inter-régional ViaTrajectoire dispose d’un indicateur spécifique lors d’une demande d’orientation en services de soins de suite et de réadaptation (SSR). Autre exemple, le SAMU 31 utilise un nouveau service régional (RECOP) pour distinguer parmi les patients qui sont orientés vers les services d’urgence du CHU de Toulouse ceux qui présentent des symptômes covid-19.
Les établissements ont également besoin d’échanger entre eux via un flux dédié, quasiment tous les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) ont ouvert une boite aux lettres MSSanté dédiée COVID-19.
« Dans ce contexte d’urgence, une synergie particulière se crée entre tous les acteurs, ville et hôpital, public ou privé, professionnels de santé, maîtrise d’ouvrage et éditeurs » analyse Jean-Christophe Zerbini, directeur d’e-santé Occitanie. « Une partie de ce qui se met en place aujourd’hui se poursuivra demain ».
La trajectoire vers le cadre défini par la doctrine du numérique en santé se poursuit parallèlement. Ainsi le projet de centralisation de la disponibilité en lits critiques (réanimation, surveillance continue, soins intensifs) dans le Répertoire Opérationnel des Ressources (ROR) avance, plus de la moitié des établissements de la région ont démarré les travaux.
ETABLISSEMENTS : S’EQUIPER POUR LA TELECONSULTATION
« Nous avons eu besoin de toute urgence d’un outil de téléconsultation d’une part pour des nouveaux patients contaminés par le coronavirus et d’autre part pour assurer la continuité des soins de nos patients suivis pour d’autres pathologies » explique le docteur Antoine Piau, médecin et porte-parole de l’unité médicale transversale de télésanté (UMTT) au CHU de Toulouse. Un module dédié à la téléconsultation du patient depuis son domicile a été mis à disposition sur la nouvelle plateforme régionale de télémédecine en quelques jours. Les médecins de cet établissement pratiquent maintenant de 100 à 200 téléconsultations chaque jour avec TéléO.
Plus d’une trentaine d’établissements de la région, les trois CHU (Toulouse, Montpellier, Nîmes), des centres hospitaliers mais aussi quelques établissements médico-sociaux, ont déjà accès à la plateforme régionale de télémédecine Téléo. L’équipe d’e-santé Occitanie a transformé ses pratiques pour assurer la formation à distance de 700 professionnels en trois semaines, via des webinars et un espace de ressources en ligne.
Opérationnel depuis le 23 mars, les coûts de mise en service et d’utilisation de ce module téléconsultation sont pris en charge à 100% par l’Agence Régionale de Santé jusqu’au 30 juin 2020. Comme prévu dans le cadre du marché conclu avec l’éditeur NEHS DIGITAL, d’autres usages de Télémédecine seront déployés sur TéléO au cours du deuxième semestre 2020.
VILLE HÔPITAL : ORIENTER ET SUIVRE LES PATIENTS COVID-19
Le groupement e-santé Occitanie a constitué une large équipe de support pour créer les comptes, accompagner les utilisateurs et centraliser les demandes d’évolution. Le support, mis en place 7 jour sur 7 durant les premières semaines, a reçu plus de 1600 demandes.
Un groupe de travail se réunit régulièrement pour étudier les évolutions (Pr Stéphane Oustric, concepteur de la fiche, MG et président du Conseil départemental de l'ordre des médecins de Haute-Garonne, Jean-François Bouscarain, président de l’URPS infirmier, Dr Muriel Alvarez infectiologue au CHU Toulouse, Dr Hervé Mourou, coordinateur médical de l’ORU Occitanie, et l’ARS).