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CES et disruptions en santé
Le CES de Las Vegas se termine, et même les chroniqueurs ont du mal à trouver de véritables innovations. Dans sa dernière intervention, Jérôme Colombain (France Info) commence par citer quelques gadgets tels le robot tireuse de bière à assistance vocale (oui, OK, pourquoi pas), ce robinet ou ces toilettes à commande vocale (on ne juge pas), mais aussi le drone personnel pour le transport de personnes – cela fait juste 50 piges que l’on en parle. Mais bon, à côté de ces amusettes de foire, il y a bien de réelles innovations, et le consultant Olivier Ezratti, interviewé dans cette même émission (Nouveau Monde) [1], fait remarquer à juste titre que le nombre très élevé de start-up est le signe d’une bonne santé de l’innovation (EU, France est Corée du Sud sont dans le peloton de tête dans ce domaine) et qu’après tout c’est bien le marché qui décidera – ou non – de retenir telle ou telle innovation. Une forme de darwinisme appliqué aux idées en quelque sorte.
Côté santé, on reste quand même un peu sur notre faim. Dans un de ses derniers billets[2], le magazine TICsanté fait lui aussi un petit bilan : il en ressort que l’on trouve les sempiternelles solutions d’analyse de santé dans le Cloud, les objets connectés (que l’on distingue maintenant entre les wearables– qui se portent – et les insideables– que l’on ingère ou que l’on greffe), les solutions 3D (là, je ne vois pas très bien) et j’en passe. Très clairement, la « killer app » n’est pas arrivée au CES de 2019 (à moins qu’on ne l’ait ratée au détour d’une allée).
Je ne peux m’empêcher de faire un lien, mais ténu, entre cette dernière édition du CES et l’un des sujets traités dans le dernier podcast[3 ]du 8 janvier du Comptoir Sécu qui portait sur les failles de la reconnaissance faciale sur les téléphones Android. Lors d’un test sur une centaine d’appareils environ tous constructeurs confondus, environ 40 % ont été bernés par des procédés d’entrée de gamme telle une simple photo statique présentée à la caméra de l’appareil. Pour certains, un peu plus évolués, il a suffi de positionner des lentilles de contact sur les yeux de la photo pour faire croire à des yeux réels, et sur d’autres un simple clignement artificiel des paupières (je ne sais pas comment s’y sont pris les testeurs) a suffi là encore à contourner le mécanisme de sécurité. Tant et si bien que la biométrie est non seulement cassable, mais l’est (dans le cas de la reconnaissance faciale) avec des moyens techniques accessibles au boutonneux « next door » (comprendre l’ado du bout de la rue), car s’il est une donnée facile à récupérer, c’est bien la bobine d’une personne, tout occupée qu’elle est à publier sur les réseaux sociaux son dernier selfie avec le chat de sa belle-mère en haut de la tour Eiffel, le tout en haute définition s’il vous plaît.
Récemment, j’entendais un confrère se plaindre que, dans son établissement, les infirmiers et infirmières devaient retenir pour certains non moins de 20 mots de passe. Si la critique est factuelle, elle n’en est pas moins discutable : les produits d’IAM avec carte à puce, authentification sans contact et SSO existent depuis des années et sont maintenant parfaitement adaptés au monde de la santé ; on ne peut donc pas argumenter d’un défaut d’offres. En revanche, je reste dubitatif sur le fait que la biométrie apparaît de plus en plus comme le moyen d’authentification à privilégier. En plus, la situation avec les mots de passe est paradoxale dans le sens où, pour craquer la biométrie, la plupart du temps il faut des moyens techniques en vente dans la droguerie du coin de la rue pour moins de 20 euros, alors que pour me péter un mot de passe de 25 caractères avec complexité maximale, si vous n’êtes pas la NSA, passez votre chemin. Autrement dit, alors qu’il y a 20 ans les mots de passe semblaient être la solution du pauvre et la biométrie celle du riche, dans les faits c’est le contraire qui semble se produire.
Le marché est le marché, il est le seul à décider quelles innovations perdureront ou non. Il est cependant étonnant que l’on cherche une solution qui permette à la bière de couler dans un verre sans se déplacer de son fauteuil, de se peser en stockant son poids et son indice de masse corporelle dans un datacenter à l’autre bout de la Terre et que, dans le même temps, la simple question de l’authentification, qui est aussi ancienne que l’informatique elle-même, n’est pas réglée.
[3] https://www.comptoirsecu.fr/sechebdo/sechebdo-8-janvier-2019/
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