Peut-on vivre sans risque ? Revue de lecture

19 sept. 2017 - 06:58,

Tribune

- Cédric Cartau
Rien de mieux que des lectures choisies pour alimenter une réflexion de fond. C’est la raison pour laquelle je vous conseille vivement la lecture d’un petit ouvrage – petit, mais de qualité – destiné à tous les professionnels du risque, mais pas à eux seulement. En l’occurrence Peut-on vivre sans risque ? de Jean-Marc Cavedon, aux éditions Le Pommier (128 p., octobre 2016).

L’auteur officie dans le domaine de l’industrie nucléaire au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) qui est, quoi qu’on en pense, certainement le domaine qui a poussé le plus loin la réflexion sur ce sujet. L’ouvrage ne vous enseignera pas les rudiments de l’appréciation des risques (ce n’est pas son but), mais il a le mérite d’aborder dans un premier temps la notion de risque sous la forme théorique en revenant aux basiques : un risque, c’est une probabilité multipliée par un impact, point barre.

L’idée principale de l’ouvrage est de définir les classes de risque selon les deux paramètres probabilité/impact. Cette classification n’est en rien liée à un domaine technique particulier : il peut s’agit aussi bien de risque biologique que nucléaire ou informatique ; le propos est relativement général. Et l’autre grande idée est d’avoir nommé ces classes de risque suivant des grands personnages de la mythologie : Cassandre, Damoclès, la Pythie, etc.

Par exemple, un risque de la classe Damoclès a une probabilité très faible et connue avec un impact infini (en clair, la mort). A contrario, un risque de la classe Cassandre a un impact connu et infini avec une probabilité également infinie… sauf que l’on ne sait pas quand il se produira, on est juste certain qu’il se produira un jour. C’est le cas de la fin de l’Univers. Enfin, un risque de la classe Méduse (le personnage qui pétrifie ceux qui posent leur regard sur elle) a une probabilité et un impact faibles, mais il est extrêmement visible sur le plan médiatique de sorte que les pouvoirs publics n’ont d’autre solution que de le traiter, même si quelquefois le remède est pire que le mal. Ce fut par exemple le cas de l’évacuation des civils après la catastrophe de Fukushima, évacuation qui (selon l’auteur) n’était absolument pas justifiée sur le plan sanitaire (les doses de radiation étaient extrêmement faibles, largement en dessous des seuils). L’évacuation a fait 600 morts (on a déplacé des personnes qui ne pouvaient l’être), mais était politiquement impossible à éviter.

Dans la partie suivante, l’auteur étudie les traitements des risques en fonction de leur classe. Par exemple, faire passer un risque de la classe Cassandre à la classe Damoclès. N’importe qui se retrouvera dans ce chapitre. Chacun, quel que soit son domaine d’activité, a vécu ou vit des risques classables dans ces grandes familles. 

L’ouvrage est court, très facile à lire. Je ne saurais donc trop vous en conseiller la lecture.

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