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Petit précis de gestion du temps : merci Pareto !

21 mars 2016 - 10:03,

Tribune

- Cédric Cartau
Depuis Vilfredo Pareto et la fin du xixe siècle, on connaît le principe des 80-20 : 20 % de la population accaparent 80 % des ressources, 20 % des conducteurs provoquent 80 % des accidents, etc. Bien loin de constamment nous enquiquiner, cette loi peut être d’un secours louable dans la gestion de projets informatiques, et dans les DSI en général. Illustration.

Lors du déroulement d’un projet informatique, une grande partie du débat se déroule entre la MOA, qui en veut toujours plus, et la MOE qui doit limiter le besoin puisque des moyens exponentiels sont sans cesse réclamés : PC, serveurs, logiciels, journées-hommes internes, budgets, etc. À partir de ce constat (généralement partagé), il existe globalement deux stratégies. Supposons deux chefs de projet, mettant chacun en œuvre l’une de ces deux stratégies.

Le premier chef de projet décide d’exaucer 100 % des vœux de la MOA. Il va donc consommer des ressources, en particulier son temps, à raison de X. La probabilité que la MOA en demande plus encore à l’issue de cette livraison (sans parler des bugs et autres problèmes dans ladite livraison) est grande, mais passons.

Le second chef de projet décide de ne délivrer à la MOA que 80 % du besoin exprimé. En application du principe de Pareto, il ne va consommer que 20 % des ressources, soit 0,2 X. Il lui reste donc sous la pédale 80 % de ses ressources (non utilisées). Admettons que le client revienne à la charge pour les 20 % manquants de sa demande initiale. Qu’à cela ne tienne, on poursuit le même raisonnement : on ne lui délivre que 80 % de ces 20 % manquants, ce qui ne réclamera au final que 20 % des 80 % du travail nécessaire pour venir à bout de sa demande, soit 16 % des ressources. Même si le client revenait trois fois à la charge (et le chef de projet qui le laisserait faire serait soit mou du chapeau, soit carrément nul), il ne faudrait au total que 48 % des ressources initiales (je vous passe les calculs savants). Dans ce mode de raisonnement, le même chef de projet peut servir deux à trois clients à la fois, et il lui reste encore du temps pour aller prendre un café avec les collègues. Sans compter qu’il passe pour un bon (alors que le premier est perçu comme inefficace par sa hiérarchie et les MOA).

Non seulement l’expérience montre que, dans la plupart des cas, seule 20 % de la demande est véritablement « vitale », mais encore que les 100 % n’existent jamais. J’ai connu nombre de projets pour lesquels la MOA était dans le « toujours plus », attitude compréhensible quand on sait que les DSI refacturent rarement leur temps interne.

Bon, je vous laisse, je dois aller donner à mon chef 80 % de ce qu’il m’a demandé.

 

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