Publicité en cours de chargement...
Les dossiers de spécialité, piège des SIH
Les SIH ont le plus souvent été construits sous la pression réglementaire plutôt qu'à partir d'une véritable analyse des besoins des praticiens. Il y a quelques temps, en effet, des médecins du Conseil de l'Ordre et des présidents de CME s'indignaient que l'informatisation du soin ait été conduite, d'abord et avant tout, pour la facturation, point barre. Mais les dossiers de spécialité sont un véritable miroir du mal français en matière d'informatisation du soin. Pour ne pas avoir voulu suivre un modèle en couche – HIMSS, dont je suis fervent partisan, ou un autre qu'importe –, et selon le principe qui veut que la nature a horreur du vide, les praticiens se sont, de fait, équipés pour leurs besoins propres : leur spécialité.
Ceci au détriment de l'intérêt général, selon lequel il faut d'abord informatiser le dossier commun (prescriptions, résultats d'examen et quelques fiches de base telles que les allergies). Il est certes facile d'expliquer à un cardiologue ou à un urologue que le dossier commun prime, en termes de timing, sur son dossier de spécialité, et dans mon expérience je n'ai que rarement rencontré des praticiens convaincus de l'inverse – et c'est tant mieux. Mais quand on fait « poireauter » ledit urologue ou cardiologue pendant des années, quand on le balade de systèmes inadéquats en autres systèmes inadéquats, on comprend qu'il s'impatiente et finisse par s'équiper lui-même, par un moyen ou un autre, au détriment de la cohérence générale du SIH. Les systèmes en silo auxquels fait référence l'ANAP trouvent là leur origine.
Cela ne date pas d'hier : déjà dans les années 1990, les pouvoirs publics – nationaux ou régionaux – faisaient la promotion de dossiers de spécialité de filière : cancérologie, pédiatrie, etc. Il n'est pas une région qui n'ait déployé, à un moment ou un autre, sont petit bouquet de logiciels, dans un premier temps promu par le GCS local puis hébergé par le CHU local, puis migré, refondu, réécrit, abandonné pour être ensuite relancé, dans l'incohérence la plus totale – sans parler de la gabegie de moyens financiers et humains à tous les niveaux.
Obnubilés qu'ils étaient par la disparition des CRIH – qui sont en train de se récréer sous une autre forme, mais nous en reparlerons une autre fois – et par ces fameux « dossiers de spé », les hôpitaux paient, au moment de concevoir des SIH régionaux, ces choix hasardeux : rien n'est plus difficile que de revenir sur un existant. Rien n'est en effet plus compliqué, à la fois techniquement et politiquement, que d'expliquer à un praticien qu'il doit abandonner son logiciel vertical et en silo (et qui lui convient parfaitement) au profit d'un dossier généraliste qui ne lui convient pas (mais qui conviendra à la majorité) et que ses spécificités seront développées et déployées plus tard.
Plus tard ? Quand ? On lui a déjà fait le coup une fois, on comprend sa méfiance.
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

Dedalus France : une nouvelle étape dans la trajectoire de transformation
24 juin 2025 - 07:50,
Actualité
- DSIHDedalus France annonce le départ de Frédéric Vaillant, Directeur Général Délégué, au 30 juin 2025, après plus de 25 ans d’engagement. Fondateur de Medasys, acteur central des grandes étapes de structuration de l’entreprise, il a contribué à façonner Dedalus France comme acteur majeur du numérique en...

HLTH 2025, un Salon sous le signe de l’innovation distribuée
23 juin 2025 - 21:18,
Actualité
- DSIH, Mehdi LebranchuHLTH Europe 2025, qui s’est tenu cette année à Amsterdam, a offert un panorama dense et incarné de l’écosystème européen de la santé numérique. Le Salon a rassemblé géants technologiques, institutions publiques, start-up prometteuses et hôpitaux à la recherche de nouveaux modèles de collaboration. U...

Cour de cassation versus RGPD : 2-0. Et ce n’est pas une bonne nouvelle !
23 juin 2025 - 18:14,
Tribune
-Ça fait deux fois.

Approche hétérodoxe du concept de risque résiduel
02 juin 2025 - 22:42,
Tribune
-Vous voulez être le bon élève de l’auditeur 27001 qui vient constater, de visu, comment vous mettez en œuvre un SMSI. Le bon élève, avec les félicitations, le bisou sur le front et le petit papier qui va bien.