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Un monde d’illusionnistes ?
Les pouvoirs publics mentent car ils jurent que l'informatisation des soins c'est pour bientôt : après demain si on les écoute (demain ils lancent les appels d'offre). Les directeurs d'établissements mentent en ayant de grosses ambitions d'informatisation des soins avec un budget épais comme le string d'une danseuse du Crazy Horse… alors que tout le monde sait qu'à moins de 3% du budget, l'hôpital n'aura de numérique que les télévisions des patients. Les fournisseurs se comportent également en arracheurs de dents en faisant miroiter à leurs prospects des références dont le périmètre fonctionnel réel n'a rien à voir avec ce qu'ils en disent, car ils travestissent la réalité. Et enfin, les informaticiens mentent à leur tour en affirmant que les problèmes ne sont pas techniques, et que la prochaine version du middleware machin 2.0 réglera les soucis.
Le 26 mars dernier, à la journée thématique « Hôpital numérique » organisée à Rennes, certains praticiens ne disaient rien d'autre, enfonçant le clou et affirmant que les SI n'ont d'autres missions que de facturer. Certains affirment même que l'informatique n'apporte rien aux processus de soins, faisant perdre du temps aux praticiens, ce qui est par contre plus discutable.
Le fait est que le constat de l'état des SIH est déprimant. Après plus de 10 ans d'expérimentations en tout genre, aucun plan digne de ce nom pour la télémédecine. Les seules avancées sont dues à des initiatives locales sans aucune coordination générale, par exemple sur le plan des normes d'archivage (ce qui est un point majeur pour la partie image). Les établissements de santé publics s’enorgueillissent du déploiement d'un dossier patient, mais quel en est le réel usage ? Quand un DSI annonce fièrement avoir déployé son DP (dossier patient) sur 90% des lits mais qu'en même temps la majorité des informations de santé circulent encore sous format papier au sein de son établissement, de qui se moque-t-il ? Si les critères « Hôpital Numérique » mettent bien l'accent sur l'usage réel de l'informatique (nombre de comptes rendus saisis dans l’outil, nombre de résultats de laboratoire informatisés), c'est bien qu'il y a un souci.
Avec 1,7% du budget consacré au SI, on n'en a jamais que pour son argent, comme l'a déploré le chirurgien brestois Eric Stindel invité à Rennes. La France est le pays de l’esbroufe autant là qu'ailleurs, et il suffit d'examiner les systèmes de santé nordiques, ou québécois, pour s'en rendre compte : ces pays affichent au bas mot entre 5 et 10 années d'avance sur nous (déploiement massif de téléconsultation, informatisation élevée des établissements, etc.). Et pour commencer, tant que la France alignera plus de 1000 hôpitaux (record mondial ramené à la population) et fera 1000 appels d'offre, construira 1000 salles informatiques (qu'il faudra ensuite doubler pour le PRA), on continuera d'émietter les moyens.
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