Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Santé et cybersécurité : à la Journée SSI Santé, Judith Nicogossian rappelle que la résilience commence par l’humain

17 nov. 2025 - 15:08,
Actualité - Rédaction, DSIH

Écouter l'article

0:000:00
Illustration Santé et cybersécurité : à la Journée SSI Santé, Judith Nicogossian rappelle que la résilience commence par l’humain
C’est lors de la conférence de clôture de la Journée SSI Santé organisée par l’APSSIS, le 13 novembre 2025, que Judith Nicogossian, anthropobiologiste et spécialiste des interactions humain-technologie, a livré un message sans détour : dans les établissements de santé, la cybersécurité ne peut plus être pensée comme un exercice uniquement technique. Elle dépend d’abord de la manière dont les équipes vivent, absorbent et traversent la crise.

journee-ssi-sante_journee-ssi-sante_apssis-2025.pngL’intervenante a rappelé que les attaques subies par les hôpitaux plongent les professionnels dans un environnement brutal : systèmes soudainement coupés, communication interne dégradée, retour en urgence aux procédures papier, nuits hachées, décisions à prendre sous tension. À cela s’ajoutent la honte, la peur de l’erreur et parfois des tensions latentes entre services informatiques et métiers du soin, qui refont surface dans les moments critiques.

Au cours de cette clôture, plusieurs intervenants ont également partagé des retours d’expérience issus d’organisations confrontées à des incidents d’ampleur, confirmant l’analyse de la chercheuse : au-delà de la technique, ce sont les dynamiques humaines – gestion du stress, cohésion, capacité décisionnelle, maintien de l’endurance – qui façonnent l’évolution d’une crise cyber.

Judith Nicogossian a ensuite détaillé les mécanismes neurophysiologiques qui influencent la conduite d’une crise : montée d’adrénaline, réflexes de survie (« fight », « flight », « freeze », « fawn », « flood »), puis fatigue cognitive lorsque le cortisol s’installe. Ces réactions transforment temporairement les comportements. Certaines personnes deviennent plus efficaces, d’autres se figent. D’autres encore – ceux que l’intervenante qualifie de « Chevaliers noirs » – diffusent anxiété ou agressivité et fragilisent la cellule de crise. Les identifier et les encadrer devient alors essentiel.

D’où la nécessité de préparer soigneusement les équipes bien avant l’incident. La chercheuse préconise une cartographie des profils, l’instauration d’espaces de parole sécurisés, l’anonymisation systématique de la « primo-victime », ainsi que la mise en place de binômes de crise associant métiers et sécurité. Elle invite également les organisations de santé à s’inspirer de secteurs matures comme l’aéronautique, où les erreurs sont analysées collectivement, protégées juridiquement et transformées en leviers d’apprentissage.

Judith Nicogossian a par ailleurs insisté sur un point souvent sous-estimé : les attaques surviennent fréquemment lors des week-ends ou des périodes creuses, quand les effectifs sont réduits. Les établissements doivent être prêts à basculer rapidement en mode analogique, à déclencher des plans d’extinction ou de redémarrage éprouvés et à tenir sur des durées parfois longues. Dans ces moments, la gestion de la fatigue, l’organisation des rotations, la clarté des rôles et la communication deviennent des piliers aussi importants que les outils techniques.

À cela s’ajoute un contexte de menaces en pleine mutation, marqué par l’essor de l’intelligence artificielle générative et des capacités offensives automatisées. Ces évolutions accentuent la pression sur les équipes cyber et renforcent la nécessité d’une approche centrée sur les individus autant que sur les systèmes.

La conférencière a conclu en soulignant l’émergence de formations dédiées à l’interaction humain-machine, un champ encore peu exploité dans la cybersécurité mais devenu incontournable. Son intervention, largement saluée, s’est imposée comme l’un des temps forts de cette Journée SSI Santé : dans un écosystème hospitalier fragilisé par les attaques, la résilience ne se construit pas uniquement avec des outils. Elle se construit avec les femmes et les hommes qui maintiennent la continuité du soin, malgré la crise.

 

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Mais non, la 27001 n’est pas lourdingue !

Mais non, la 27001 n’est pas lourdingue !

06 oct. 2025 - 22:14,

Tribune

-
Cédric Cartau

Récemment, je suis tombé sur un post selon lequel, en gros, la compliance (conformité) serait un mal nécessaire pour décrocher des contrats, des marchés, mais qui globalement n’aurait quasiment pas d’autre utilité, et que sa contribution à améliorer le « système » est tout sauf claire. Bref, c’est b...

Illustration Domaine 2 du programme CaRE : une matinée pour se faire accompagner

Domaine 2 du programme CaRE : une matinée pour se faire accompagner

29 sept. 2025 - 11:30,

Actualité

- Valentine Bellanger, DSIH

Dans le cadre de son Tour de France, Orange Cyberdefense propose des matinales de rencontres et d’échanges autour d’une thématique très attendue : le Domaine 2 du programme CaRE (1). L’objectif : maîtriser les prérequis du programme CaRE et se faire accompagner pour bénéficier des soutiens financier...

Illustration Imprivata, éditeur international de solutions de gestion des accès, se développe sur le marché français pour répondre à la demande croissante en matière de sécurité et de conformité

Imprivata, éditeur international de solutions de gestion des accès, se développe sur le marché français pour répondre à la demande croissante en matière de sécurité et de conformité

22 sept. 2025 - 22:42,

Communiqué

- Imprivata

Imprivata, un éditeur international de logiciels, spécialisé dans la gestion des accès et des identités numériques pour le secteur de la santé et d’autres secteurs critiques, vient d’annoncer son expansion en France afin de répondre au besoin croissant d’améliorer leur sécurité et de se conformer au...

La 27001 et les compteurs kilométriques de nos bagnoles

08 sept. 2025 - 22:18,

Tribune

-
Cédric Cartau

Les prérequis du programme Care Domaine 2 sont faciles à résumer : il faut une PSSI et un plan projet pour le déploiement d’un PCRA. C’est la PSSI qui m’intéresse ici, mais pas pour ce que j’ai déjà développé dans un précédent article de www.dsih.fr (1)

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.