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Les SI de santé : c’est tout de même assez dingue en 2025 que…
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Mais ce qui frappe n’est pas, justement, ce qui nous passe entre les mains à nous autres RSSI/DPO, mais au contraire ce qui devrait y passer et que l’on ne voit jamais parce que les projets n’existent pas. Je fais référence aux fonctions de base d’un SI de santé, qu’il est assez dingue, en 2025, de ne pas avoir déployées. Pour en avoir discuté avec des cadres de tout niveau, des médecins, des soignants, des chercheurs, il y a tout de même des manques qui interrogent.
À commencer par la télémédecine, dont on nous dit depuis au moins 25 ans (un quart de siècle, réalisez) qu’elle est l’avenir et l’une des voies de sortie des problèmes de désertification médicale et de pénurie de personnels. Alors pourquoi ne peut-on pas, en 2025, bénéficier d’un examen d’imagerie, dans un dispensaire avec un opérateur de saisie (un manipulateur radio ou équivalent), qui serait interprété en quasi-temps réel par un pool de spécialistes à 500 ou à 5 000 kilomètres, avec paiement direct à l’acte et compte rendu dans les dix minutes ? Et sur tout le territoire bien entendu – pour les endroits reculés, je verrais bien des vans aménagés avec tout le matos à l’intérieur. Mais la télémédecine est devenue un marronnier en la matière, j’en ai d’autres en stock.
Pourquoi, en 2025, ne peut-on toujours pas faire un export dans un format standardisé pour envoyer le DP complet d’un patient qui rejoint une autre structure, et doit-on toujours imprimer – vous avez bien lu – le dossier ? Le DMP ne peut pas tout résoudre, désolé.
Pourquoi, en 2025, ne dispose-t-on pas d’outils modernes de signature numérique déployés sur tout le territoire ? Dans une succession et la vente d’un bien immobilier, tout, absolument tout, depuis le mandat au notaire en passant par le contrat avec les agences immobilières, la proposition de vente, le sous-seing d’acquisition et j’en passe, a été totalement dématérialisé depuis des années. Et si vous pensez qu’un DPI, c’est compliqué, allez jeter un coup d’œil à un dossier de succession.
Pourquoi, en 2025, n’existe-t-il pas d’identité numérique pour tous les agents de l’État ? Ce qui permettrait, entre autres, de régler la question de la signature numérique évoquée ci-dessus. Et du MFA généralisé a minima pour les accès distants au SI tel le télétravail, ce qui éviterait à chaque établissement de s’équiper dans son coin ?
Pourquoi, en 2025, est-on strictement infichu de savoir, unité par unité, service par service, le nombre de lits disponibles en appuyant sur un bouton dans un logiciel ? Pour avoir vu des cadres et des directeurs s’arracher littéralement les cheveux dans des hôpitaux en situation de tension, voilà un quick win indiscutable. Et je ne parle même pas de la file active des patients, de la file d’attente, des RDV non encore attribués, etc.
Pourquoi, en 2025, n’a-t-on toujours pas dématérialisé au maximum les étapes de l’entrée du patient : prise de RDV, pré-admission, choix de chambre, etc. ? Certes, les choses ont beaucoup évolué depuis cinq ans, mais pas partout.
Pourquoi, en 2025, attend-on des jours avant d’obtenir un compte rendu de consultation ou d’hospitalisation, sans parler de l’envoi aux correspondants médicaux externes ?
Pourquoi, en 2025, le patient doit-il toujours passer par des procédures lourdes pour obtenir une copie de son DP ?
L’expérience utilisateur/usager dans d’autres secteurs permet de mesurer le retard pris dans le système de santé. En 2025, je peux, de mon fauteuil à la maison, ouvrir un compte bancaire sur Revolut (en 5 minutes montre en main), générer une CB virtuelle utilisable aussitôt rajoutée dans mon Apple Pay (authentique), commander un billet de train intégré à mon appli SNCF sur mon smartphone, réserver un hôtel, faire la pré-admission de ma chambre en ligne et même, parfois, ne plus avoir à passer par la réception (la clé est intégrée à mon smartphone), commander un taxi entre la gare et l’hôtel, bien entendu le restaurant et la place de cinéma, et rentrer en avion (toujours avec une réservation et un pré-enregistrement en ligne). Je passe sur le fait que changer son permis de conduire n’a jamais été aussi simple (c’est bluffant d’ergonomie, alors qu’il n’y a pas si longtemps, c’était le summum de la lourdinguerie), tout comme contacter l’administration fiscale, ouvrir un compte titre chez un broker à Singapour et acheter des actions TSMC en trois clics de souris.
Et pendant ce temps, en 2025, on voit des cadres de santé faire les plannings de leurs équipes avec des feuilles A3 à la gomme et au crayon. Authentique.

Cédric Cartau
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