Publicité en cours de chargement...
Quelle sobriété numérique possible à l'heure où le numérique se déploie à grande échelle ?
Par Camille de La Tullaye, Consultante WELIOM
Aujourd’hui en France, il n’existe pas de calcul précis, ni d’indicateur objectif et vérifiable de l’impact carbone du numérique en santé. Ceci pour plusieurs raisons mais une des principales étant que les bilans carbones que les établissements ont l’obligation de réaliser ne prennent souvent en compte que les scopes 1 et 2 d’émission (2) qui sont les seuls obligatoires. Or les éléments inclus dans le scope 3 seraient nécessaire pour avoir une vision détaillée de l’impact carbone du numérique en santé.
On sait cependant d’après l’ADEME et l’ARCEP que l’impact environnemental du numérique en général est principalement lié aux terminaux (de 65 à 92%) notamment à leur fabrication, aux datacenter (4 à 20%) et aux réseaux (4 à 13%). Ensuite, le développement de l’utilisation du numérique en santé, dont les avantages ne se discutent plus, est largement promu par le gouvernement français, notamment avec des programmes comme le SEGUR, l’ESMS Numérique… Or cette augmentation de l’utilisation du numérique va de facto entrainer une augmentation de son impact carbone.
Alors comment peut-on limiter cet impact et parler de sobriété numérique à l'heure où le numérique se déploie à grande échelle ?
Le système de santé public britannique s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 (3). En France, les établissements commencent à prendre le sujet en main. Le CHU de Bordeaux a mis en place un certain nombre d’actions pour contribuer à la réduction de son empreinte carbone : tri des déchets informatiques, mise en place d’un circuit de recyclage du matériel informatique sous forme de don à des associations, ajout de points de numérisation à différents endroits de l’établissement pour éviter les photocopies… Des initiatives voient le jour. Les signataires du manifeste Planet Tech’Care, dont WELIOM fait partie, s’engagent à mesurer puis à réduire les impacts environnementaux de leurs produits et services numériques. Les instances françaises contribuent également. L’ANAP, par exemple, propose un accompagnement pour les établissements (5 jours in situ), une plateforme a été mise en ligne, un réseau des conseillers en transition énergétique et écologique en santé créé et l’intégration du développement durable au référentiel MaturiN-H avec l'écoscore SIH est prévue.
Il s’agit donc de consommer le numérique le plus « efficacement » et « utilement » possible et de suivre une éthique du numérique en santé. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une bonne gestion du rapport bénéfice / risque dans l’utilisation du numérique en santé. Ce sujet est pris en compte formellement par le gouvernement depuis 2019 avec le plan Ma Santé 2022 sur les thèmes principaux suivants : l’éthique des applications en santé, des cabinets, des établissements, des services sociaux et médico-sociaux. Pour un établissement de santé, la problématique de l’empreinte liée au numérique est proche de celle des grandes industries. Elle nécessite la gestion et l’optimisation d’un parc souvent important
Aussi, la réflexion et l’action doivent se portent à plusieurs niveaux :
- L’achat : acheter durable et s’assurer que le remplacement du papier par le numérique a un impact positif, notamment en faisant attention à la construction du matériel, à son acheminement…
- L’usage : mettre les ordinateurs en veille lorsqu’ils sont inutilisés pendant un certain temps, s’assurer de la pertinence des soins et de l’utilisation du numérique liée, sans pour autant tomber dans la limitation des soins…
- L’évolution du parc : renouveler le parc le moins souvent possible pour éviter de la surconsommation, tenter d’aller vers des logiciels qui n’impliquent pas d’acheter de nouvelles machines, trier les déchets informatiques et recycler les ordinateurs qui ne peuvent plus être utilisés, donner une « seconde vie » au matériel…
- La formation : inciter les utilisateurs à un usage écoresponsable, préconiser sans imposer
Des leviers existent pour passer à l'action et diminuer l’impact du numérique en santé mais tendre vers une sobriété numérique dans une monde hyperconnecté relève de la gageure. Les notions de "numérique inclusif" et de "sobriété numérique" sont antinomiques car la première implique que tout le monde soit équipé en smartphone, ordinateur et/ou tablette coûteux, polluants et énergivores, et sache s'en servir. Or la base de la sobriété est la non-consommation. Et la base de l'inclusion est de fournir un service réellement accessible à tous.
Alors « Décarboner la santé » oui mais une véritable politique doit être mise en place en incitant chaque acteur à « l’écoresponsabilité ». Ce n’est que grâce au collectif que les choses avanceront….
1) Quelle sobriété pour le numérique en santé à l'heure de l'accélération du déploiement ?
2) https://bilans-ges.ademe.fr/fr/accueil/contenu/index/page/categorie/siGras/0
A propos de :
WELIOM est un cabinet de conseil dédié à la santé, français, indépendant, dont la taille est une garantie de proximité, de continuité et d’excellence auprès de ses clients. Acteur des mutations du système de santé français et partenaire de proximité depuis 2008, WELIOM porte une vision ambitieuse et pragmatique du système de santé de demain. C’est cette vocation qui fédère nos équipes autour de valeurs d’écoute, d’engagement et d’exigence. Consultants expérimentés du numérique, de la conformité ou de l’organisation, mais avant tout professionnels de la santé, nos experts renforcent la collaboration entre DSI et métiers à l’échelle d’un établissement, d’un groupement ou d’un territoire.
www.weliom.fr | Contact : 02 51 80 05 33 ou [email protected]
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

Exploitation illicite de la base de données CIOdm : EHTRACE condamnée
21 juil. 2025 - 10:41,
Communiqué
- PHASTle 1er juillet 2025. Dans une décision sans équivoque, le Tribunal de Commerce de Bordeaux a sanctionné avec fermeté le détournement des données de la société PHAST, dans le litige qui l’opposait à EHTRACE.

Dernier billet philosohico-cyber avant la plage
21 juil. 2025 - 10:00,
Tribune
-À l’approche des congés d’été, l’heure est à la réflexion — et pas seulement sur la température de l’eau ou le bon dosage de crème solaire. Entre arnaques bancaires de plus en plus sophistiquées, dérives technologiques, illusions cyber-industrielles et lacunes dans la gouvernance publique, ce billet...

Le numérique médico-social : mutation systémique et levier d’humanité
08 juil. 2025 - 01:07,
Actualité
- DSIHLongtemps resté en périphérie des politiques publiques du numérique en santé, le secteur médico-social entre aujourd’hui dans une phase de transformation profonde. C’est cette bascule, inédite et structurante, que décrivent Olivier Babinet et Manon Lorenzo dans leur ouvrage Le virage du numérique en...

Pilotage des blocs opératoires : l’Anap dévoile une plateforme numérique intégrée pour améliorer la performance et la gouvernance
08 juil. 2025 - 00:26,
Actualité
- DSIHL’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) franchit un nouveau cap dans le soutien aux établissements de santé avec le lancement d’une plateforme numérique unique dédiée à l’optimisation des blocs opératoires. Ce nouvel outil regroupe 22 ressources opérationnelles destin...