La transformation numérique dans tous ses états

08 oct. 2019 - 12:14,

Actualité

- DSIH, Laetitia Krupa
Dans un entretien accordé à DSIH Magazine (1), Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique (2), nous livre son analyse de la transformation numérique en examinant ses conséquences à l’échelle de la France, mais aussi des citoyens et du secteur de la santé. Au cœur des préoccupations gouvernementales : l’emploi, la fracture numérique et la régulation. Morceaux choisis.  

Comment envisagez-vous la stratégie numérique de la France ?

Cedric-OLe premier enjeu concerne l’emploi. Aujourd’hui, le numérique est dominé par des acteurs américains et chinois. Si nous voulons à la fois développer les emplois et conserver notre souveraineté économique, il faut faire émerger des champions du numérique. Le secteur se développe très vite, et la France suit le mouvement, notamment avec l’émergence de « licornes », entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros.

« L’État doit partir des utilisateurs et réintroduire de l’humain. »

S’il est vital de développer cet écosystème, le numérique ne doit pas être pour les Français le syndrome de leur abandon. 13 millions d’entre eux n’utilisent pas ou peu Internet, et la fracture numérique a été au cœur du mouvement des Gilets jaunes, puis du Grand Débat. On est peut-être allé trop vite dans la dématérialisation. Le sentiment que le service public n’est pas à la hauteur de ce qu’il devrait être est mal vécu. La culture des grandes entités, en particulier de l’administration, doit être changée en réintroduisant de l’humain. La transformation numérique de l’État doit partir des utilisateurs.

Le plan Ma santé 2022 comporte un large volet « développement numérique ». Qu’en attendez-vous ?

La transformation numérique doit se faire au service des patients et des hôpitaux. Les marges de progrès sont immenses… Le numérique, dans le cadre du suivi de maladies chroniques, par exemple, permet à la fois des économies considérables et des progrès tant en termes de soins que de suivi des patients. Mais que doit faire l’État ? Centraliser ou fixer des normes dans chaque région ? Quelle place doit-on laisser au privé ? On peut notamment lui imposer l’interopérabilité de chaque système développé avec ceux du public. La question de la gouvernance est cruciale : il faut commencer par se demander quels sont les éléments communs. Dominique Pon, responsable de la délégation ministérielle du numérique en santé, en donne un exemple édifiant appliqué à l’urbanisme : l’État fixe les normes, après quoi des immeubles biscornus peuvent être construits si les règles sont respectées. De la même manière, tous les acteurs de la santé doivent adhérer aux normes et aux cadres imposés.

« Dans l’IA, deux des cinq plus grandes bases de données mondiales sont françaises. »

Du point de vue économique, le numérique en santé est l’un des points forts de la France, qui compte des champions internationaux. Dans l’IA, deux des cinq plus grandes bases de données mondiales sont françaises : le SNDS (Système national des données de santé) et la base de l’AP-HP. Le développement en France d’entreprises et de systèmes de soins performants doit être soutenu.

Vous pensez là au Health Data Hub, mais comment garantir son inviolabilité ?

D’abord par un investissement de 20 millions d’euros par an, et nous serons intransigeants sur la protection de la vie privée. Je suis persuadé que si nous ne favorisons pas la recherche française pour développer des soins à destination des entreprises françaises et des patients français, la Chine et les USA s’en chargeront et nous les revendront.

« Il faudra vaincre les résistances et proposer un accompagnement au changement : la transformation ne se fera pas contre les utilisateurs. »

La mutation des usages permettra des économies sur l’organisation des soins et facilitera le travail des équipes soignantes qui, soulagées du travail administratif, pourront se focaliser sur le soin. Mais il faudra vaincre les résistances et proposer un accompagnement au changement car la transformation ne se fera pas contre les utilisateurs.

Des piratages viennent régulièrement perturber le fonctionnement des établissements de santé. Faut-il légiférer davantage ?

Il s’agit plutôt de parfaire l’éducation des grandes organisations. La sophistication toujours accrue du piratage sur Internet implique de renforcer la cybersécurité. La transformation numérique ne peut pas être envisagée indépendamment de la sécurité. Si l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) va s’occuper de ce chantier, les hôpitaux et les cliniques devront impérativement prendre en charge la sécurité de leurs systèmes d’information.


(1)  .

(2) Depuis le 31 mars dernier.

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