Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Une image DICOM « infectée » par du code malveillant, oui c’est possible !

23 avril 2019 - 10:58,
Tribune - Charles Blanc-Rolin
Le format DICOM semble avoir le vent en poupe chez les chercheurs en sécurité en ce moment !Au début du mois, des chercheurs israéliens exposaient leur algorithme permettant de modifier des images DICOM en ajoutant / supprimant automatiquement des nodules cancéreux sur des images de scanner, ainsi qu’une vidéo mettant en scène une attaque plausible dans un hôpital [1].  

Le 9 avril, le chercheur Markel Picado Ortiz (@D00RT_RM) [2] publiait sur Github un POC [3] démontrant qu’il était possible d’insérer un exécutable Windows dans un fichier d’image au format DICOM. Un article du 16 avril publié sur le blog de la société Cylera [4], laboratoire pour lequel il travaille, revient en détails sur ses travaux.

Il a tout d’abord tiré parti des 128 octets de préambule que contiennent les fichiers DICOM.
Certains vous diront qu’il s’agit d’une erreur de conception, le standard DICOM lui évoque une fonctionnalité. « It’s not a bug, it’s a feature ». Au delà de la plaisanterie, cette section de préambule a bien une utilité : rendre compatible un fichier DICOM avec une application multimédia, tel qu’une visionneuse d’images JPG et autres, qui n’est pas capable de lire nativement un fichier au format DICOM.

dicom_header

Le standard DICOM n’impose aucune exigence de structuration de cette zone, et peu importe ce qu’elle contient, elle n’altère en rien la lecture du fichier.

Markel Picado Ortiz en a donc profité pour insérer une entête d’exécutable Windows dans le préambule :

pedicom_header

Puis, il a ensuite placé du code après les données relatives à l’image, dans ce fichier devenu « polyglotte ».

L’image reste lisible par n’importe quel lecteur DICOM :

 dicom_image_with_executable

Ici sous Windows

dicom_image_linux

Ici sous Linux

Mais si l’extension du fichier est remplacée par « .exe », ou si le fichier, même avec son extension originale est lancé depuis une invite de commande, c’est l’exécutable Windows qui prend le dessus !

execution

Même si le code contenu dans le fichier à la suite de l’image ne sera pas exécuté par le lecteur DICOM lui même, à moins d’une attaque très ciblée, avec la connaissance du lecteur utilisé par la victime et en exploitant une vulnérabilité de ce même lecteur (autant dire « quasi improbable »), de nombreux scénarios d’attaques restent facilement imaginables... 

Dans une seconde partie du POC, Markel Picado Ortiz présente la possibilité de modifier automatiquement tous les fichiers DICOM qu’il trouve sur la machine, mais également sur des partages réseau SMB… dans le fonctionnement, cela nous rappelle bien des choses… imaginons que chaque fichier infecté soit capable d’en infecter d’autre, ce serait le pompon !

Même si le POC ne le montre pas, il est important de garder en tête que les informations relatives aux patients qui transitent « en clair » sur le réseau lors d’échanges sur le protocole DICOM, apparaissent également « en clair » dans les fichiers et peuvent donc être facilement modifiées. Lors de la réception de fichiers DICOM les modalités d’imagerie ou PACS n’effectuent aucune vérification de l’intégrité des fichiers via un calcul d’empreinte ou une signature numérique.

Le standard, dont la première version connue sous le nom de ACR-NEMA 300 est né 1985. Il aura fallut attendre 2018 pour qu’il intègre le chiffrement des communications via TLS. Il devrait se passer encore pas mal d’années avant que les constructeurs l’implémentent, et que nos établissements en disposent.

Quand on voit qu’aujourd’hui, l’un des plus important FAI français n’a toujours pas implémenté STARTLS sur sa messagerie, on peut aisément penser que d’ici vingt ans, des images DICOM pas plus sécurisées qu’aujourd’hui, continueront de transiter « en clair » sur les réseaux de nos SIH. D’où l’importante de continuer à bien les protéger... 


[1] /article/3327/alteration-des-donnees-d-imagerie-medicale-pour-faire-croire-a-un-cancer-qu-en-est-il-reellement.html

[2] https://twitter.com/D00RT_RM

[3]https://github.com/d00rt/pedicom/raw/master/doc/Attacking_Digital_Imaging_and_Communication_in_Medicine_(DICOM)_file_format_standard_-_Markel_Picado_Ortiz_(d00rt).pdf

[4] https://labs.cylera.com/2019/04/16/pe-dicom-medical-malware/

 

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration [SANTEXPO 2025] Interview de Jérôme Sicchi autour des enjeux et des évolutions de cette 59ᵉ édition

[SANTEXPO 2025] Interview de Jérôme Sicchi autour des enjeux et des évolutions de cette 59ᵉ édition

12 mai 2025 - 15:16,

Actualité

- Pauline Nicolas

Des établissements de santé aux structures médico-sociales, mais aussi des autorités de santé, aux startups et sociétés savantes, SantExpo s’est imposé depuis presque 60 ans comme un événement incontournable et fédérateur pour les acteurs de santé. Organisé pour la première fois par GL Events et pr...

Illustration [SANTEXPO 2025] 7 conférences pour découvrir eNov30, le programme d’innovations concrètes du Groupe Softway Medical

[SANTEXPO 2025] 7 conférences pour découvrir eNov30, le programme d’innovations concrètes du Groupe Softway Medical

11 mai 2025 - 22:14,

Communiqué

- Softway Medical

Dans un secteur de la santé en pleine mutation, l’innovation doit répondre ici et maintenant aux défis des professionnels de santé. C’est tout le sens du programme stratégique eNov30 dont les grands axes seront déclinés lors de 7 conférences inédites tout au long de SantExpo 2025.

Illustration Maincare-IC : la nouvelle ère du dossier patient au Centre hospitalier de la Région de Saint-Omer

Maincare-IC : la nouvelle ère du dossier patient au Centre hospitalier de la Région de Saint-Omer

11 mai 2025 - 18:29,

Actualité

- DSIH, Aurélie Bernard & Ludovic Filipiak & Gérald Fierrard (Maincare)

Le Centre hospitalier de la Région de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, a entrepris de renouveler son dossier patient informatisé en adoptant Maincare-IC, une solution de dernière génération proposée par l’éditeur Maincare. Trois acteurs clés du déploiement exposent les avancées réalisées, les défi...

Illustration « La donnée, c’est le socle de la transformation » Entretien-vérité avec Dominique Pon sur l’avenir du numérique en santé

« La donnée, c’est le socle de la transformation » Entretien-vérité avec Dominique Pon sur l’avenir du numérique en santé

11 mai 2025 - 18:19,

Actualité

- DSIH, Dominique Pon (La Poste Santé & Autonomie)

Deux ans après la création de La Poste Santé & Autonomie, Dominique Pon, son Directeur Général, en expose les fondements, les choix structurants et ses priorités. À la veille d’une intervention attendue au salon SantExpo, il aborde sans détour les enjeux du numérique en santé : stratégie industriell...

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.