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Facebook à la conquête des données de santé ?
10 avril 2018 - 11:08,
Tribune
- Charles Blanc-RolinNous le savons tous, Facebook est une source intarissable de données personnelles, si bien que les gouvernements eux-mêmes sont les premiers à frapper à la porte du géant américain pour lui quémander des données. Selon le dernier rapport de transparence publié par Facebook (Premier semestre 2017) [1], la France serait même dans le top 5 des gouvernements les plus friands de données sur ces citoyens.
Après le scandale « Cambridge Analytica », la société qui a siphonnée les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs à partir d’une application Facebook de test psychologique, pour, par la suite, influencer les américains à voter pour Donald Trump lors des dernières élections. On notera que les données personnelles de plus de 200 000 Français ont été aspirées au passage.
Après les révélations du jeune Dylan McKay [2] qui a démontré que Facebook, grâce à son application mobile récupérait sur les smartphones Android, en plus des contacts (conservés même après suppression sur le terminal), les SMS, MMS et toutes les informations relatives aux communications téléphoniques.
Les GAFAM s’intéressent à nos données au sens large, mais aussi à nos données de santé, ce n’est pas nouveau.
Voilà que la chaîne de télévision américaine CNBC nous révèle que Facebook, aurait secrètement missionné un cardiologue pour convaincre des établissements de santé de partager leurs données avec le géant américain [3].
C’est au sein de son département innovation « Building 8 », créé il y a deux ans, que le Dr Freddy Abnousi, à la tête de ce projet, était en pourparler avec les plus grands hôpitaux américains début mars au sujet d’une proposition de partage de données de santé, dans le but… d’améliorer les soins bien évidemment, qu’est-ce que vous allez vous imaginer…
Le projet serait actuellement mis en pause par Facebook afin de travailler en priorité sur la protection des données personnelles.
Facebook nous parle de données « anonymisées », et de l’utilisation d’un « hash », une empreinte numérique qui permettrait de faire le lien entre le patient et son compte Facebook. Des données « anonymisées », mais pas pour Facebook, qui pourra ré-authentifier les patients.
Mais, soyons rassurés, ce partage de données, est sensé servir uniquement à la « recherche » et ne sera bien évidemment pas partagé avec Facebook Health par exemple, l’équipe dédiée au marketing pharmaceutique.
C’est bien connu, Facebook est réputé pour faire des choses gratuites et ne jamais violer la confidentialité des données de ses utilisateurs.
Comme dirait le PDG d’un célèbre opérateur téléphonique et fournisseur d’accès Internet Français : « Nous, contrairement à Facebook, les données, on les collecte, mais on n’en fait rien ».
Cerise sur le gâteau, CNBC relève également que personne au sein du groupe projet n’avait pensé à la question du consentement du patient, étonnant non ?
J’espère que la CNIL a prévu des stages de rattrapage pour les vacances.
[1] https://transparency.facebook.com/download/2017-H1/
https://transparency.facebook.com/country/France/2017-H1/
[2] https://twitter.com/dylanmckaynz/status/976371635644018688/photo/1