Les GHT, et après ?
La question est tout sauf binaire, car les GHT recouvrent des réalités très diverses. Il y a environ 135 GHT sur le territoire – donc en gros 135 méga-hôpitaux, dont certains dépassent le milliard de budget de fonctionnement annuel –, alors que l’on compte peu ou prou entre 60 et 80 RSSI, et encore en étant très très très gentil. Certains CHU n’ont pas de RSSI (ils disent que si, mais ils disposent en fait d’un référent sécurité informatique, la nuance est de taille…), ce qui fait que l’on peut raisonnablement affirmer que pas loin de la moitié des GHT ne disposent pas de RSSI.
Le problème n’est pas, dans la plupart des cas, la maturité des dirigeants : ceux avec qui j’ai pu échanger sur le sujet et qui ne disposent pas de RSSI en interne ne nient nullement leur utilité et leur efficacité : c’est juste qu’ils n’ont pas les budgets en conséquence. Ou plutôt, la précision est utile, ils n’ont pas décidé d’affecter des budgets à cette fonction, comptant sur l’effet de regroupement des établissements au sein de leur GHT pour atteindre une taille critique leur permettant de dégager les ressources, à iso-moyens.
Il y a plusieurs écueils à cette stratégie. Le premier, c’est la force d’inertie du système : les établissements qui doivent désormais allégeance à l’établissement support – traduction en bon français de l’EPRD validé par le directeur de ce dernier – ne sont pas, dans certains cas, d’accord pour se faire dévorer tout cru les – faibles – moyens dont ils disposent sans droit de regard sur leur futur usage. C’est le syndrome CRIH : la mutualisation c’est bien, quand on est du bon côté du carnet de chèques (celui qui les reçoit) ou du marteau, c’est selon.
Le second, c’est la temporalité. À supposer que les établissements périphériques soient tous d’accord, il y a un fossé entre la volonté de mutualiser et l’acte de mise en œuvre. Convergence des domaines métiers, convergence des MOA des établissements, la qualité (la SSI) ne vient qu’après.
À partir de quelle taille (nombre d’agents, budget d’exploitation) un GHT peut-il disposer d’un RSSI à plein temps ? Quel est le rôle des GCS régionaux dans cette réflexion (s’il y a un sujet qui semble être passé à la trappe depuis quelque temps, c’est bien celui-là) ? Quelle priorité accorder à la SSI au regard des autres sujets dont la convergence des domaines fonctionnels ? Les dirigeants que j’ai rencontrés ces derniers mois sont véritablement en plein questionnement ; il y a longtemps que le déni est passé de mode.
Le prochain congrès de l’APSSIS[1] a pour thème la SSI et les GHT. J’espère vivement que la confrontation des points de vue permettra de dégager quelques grands axes de travail et des réponses. Sur la seule question du reclassement des personnels par exemple, on n’en est qu’au début du début, comme le montre l’excellent article de Me Omar Yahia[2].
Avez-vous apprécié ce contenu ?
A lire également.

Pourquoi NIS 1 n’a pas produit grand-chose, et pourquoi NIS 2 ne sera pas la version ultime
01 déc. 2025 - 21:28,
Tribune
-À l’époque maintenant lointaine où les pouvoirs publics s’interrogeaient, à juste titre, sur l’informatisation à grands pas des données de santé et des impacts à prévoir sur l’hébergement physique, les considérations étaient somme toute assez simples : on ne peut pas confier un hébergement physique ...

Adopt AI 2025 : la santé passe à l’échelle, sous le regard du terrain hospitalier
01 déc. 2025 - 11:56,
Actualité
- Morgan Bourven, DSIHL’Adopt AI International Summit 2025 s’est tenu les 25 et 26 novembre dans le cadre prestigieux du Grand Palais. Artefact y a accueilli près de 20 000 participants, 600 intervenants et 250 exposants, avec un moment fort : la venue du président Emmanuel Macron. Pensé comme un lieu où les idées se tra...
Le moment Spoutnik de la cyber
24 nov. 2025 - 22:22,
Tribune
-En matière d’armement, on dit que ce qui compte vraiment, c’est le nombre et la force. Mais surtout la force.

BRISS : Transformer la crise hospitalière en levier de résilience
18 nov. 2025 - 09:35,
Actualité
- Rédaction, DSIHLa plateforme BRISS, portée par l'ARS et la FHF Bourgogne-Franche-Comté, révolutionne la formation des établissements de santé en France en proposant des séries immersives inspirées de crises réelles comme la cyberattaque du CH de Pontarlier en octobre 2025.
