Jean Debeaupuis, après avoir rappelé les trois axes annoncés par Marisol Touraine pour la e-santé en mars dernier (1), a tenu à souligner que le programme Hôpital numérique représente, avec ses 400 millions d’euros de financement public, un « investissement sans précédent ». Le directeur de la DGOS a précisé que 144 dossiers de candidatures étaient d’ores et déjà déposés et en cours d’étude avec les ARS. Il s’est ensuite aventuré à se féliciter que « les trois outils principaux » du renforcement de la coordination – un DMP, « qui a vu ses orientations repensées », la messagerie sécurisée et la télémédecine – « décollent ». Poussé par l’animateur de la journée à se montrer plus explicite, Jean Debeaupuis a cependant botté en touche (comme l’a fait remarquer avec malice le député Gérard Bapt) en renvoyant les questions, concernant le DMP notamment, vers Philippe Burnel. Ce dernier, à la tête de la Délégation à la Stratégie des Systèmes d’Information de Santé, a, de fait, remis au cabinet de la ministre les recommandations d’un groupe de travail DMP 2… il y a plus de 3 mois.
On aura en tout cas compris que le sujet reste éminemment politique dans la mesure où les plus hauts responsables de l’administration eux-mêmes ne se hasardent pas à lever le voile.
Il est vrai que l’étape « Stratégie nationale de santé » est programmée pour le 23 septembre prochain et qu’elle doit, a priori, constituer un pré requis aux orientations à fixer côté systèmes d’information. La ministre des Affaires sociales validera-t-elle à cette occasion les propositions émanant du « comité des sages » et qui lui seront remises « officiellement », alors qu’elles ont fait l’objet de fuites cet été ?
Le rapport Cordier, du nom du président de ce comité, consacre quelques développements aux échanges d’informations entre professionnels. Dans la liste des « décisions à prendre », il mentionne par exemple l’intérêt de « cibler une première étape de développement d’un DMP sur un contenu socle (biologie, médicaments, volet médical de synthèse, compte rendu d’hospitalisation) pour les malades chroniques et les personnes âgées en perte d’autonomie, puis pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Les compléments à ce dossier pouvant être additionnés progressivement dans une logique de dossier « réparti » (avec « appel » des données dans le serveur où elles se trouvent). » Bref, une suggestion qui porte en filigrane tout d’abord la confirmation qu’il n’est pas question d’arrêter le projet, mais aussi l’invitation à réfléchir à une nouvelle architecture globale. Une évolution à laquelle Philippe Burnel semble d’ailleurs souscrire puisqu’il a pointé, le 12 septembre, le fait que « l’information a vocation à être répartie », en soulignant que l’imagerie en donne aujourd’hui de nombreux exemples. A suivre…
D.L.
(1) Lire /article/467/marisol-touraine-formalise-sa-strategie-e-sante.html