Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Publicité en cours de chargement...

Rendez-vous médicaux en ligne et données personnelles : le scandale australien

09 juil. 2018 - 13:23,
Tribune - Charles Blanc-Rolin
Alors qu’en France, le marché de la prise de rendez-vous médicaux en ligne est en plein essor et que certains professionnels de santé libéraux imposent ce système à leur patientèle en refusant tout bonnement la prise de rendez-vous par téléphone. Nos amis australiens, échaudés par les pratiques de la plateforme de prise de rendez-vous médicaux de référence en Australie, vont sûrement réviser leur jugement sur ce type de services.

#RGPDTOTALLYUNCOMPLIANT

Le média public australien ABC a récemment révélé dans un article très détaillé, les pratiques assez abjectes de la plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne HealthEngine [1].
Selon ABC, HealthEngine aurait partagé des informations médicales avec des cabinets d’avocats à la recherche de clients susceptibles de porter des réclamations pour des blessures corporelles.
Le projet pilote de partenariat avec le cabinet Salter et Gordon, aurait permis le partage d’informations médicales de 200 utilisateurs par mois entre mars et août 2017. Suite à un harcèlement téléphonique important révélé dans l’article et dont plusieurs utilisateurs en témoignent, une quarantaine d’utilisateurs seraient devenus clients du cabinet d’avocats.

En effet la plateforme, en plus de recueillir un état civil complet de la personne, sa position GPS (via application sur Smartphone ou FAI pour les ordinateurs) et la photographie de l’utilisateur, demande aux utilisateurs lors de la prise de rendez-vous avec des praticiens, leurs symptômespathologies et s’ils ont été victimes d’accident du travail ou de la circulation.
En tant qu’européen, là déjà, si on réfléchit RGPD, on se demande : ces informations collectées sont-elles adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées ?
Sont-elles collectées pour des finalités déterminées, explicites et légitimes et ne seront-elles pas traitées ultérieurement d'une manière incompatible avec ces finalités ?
Euh comment dire en restant politiquement correct… No comment.

Maintenant si on se penche sur le consentement de l’utilisateur à partager ses données avec des tiers, là encore, d’un point de vue RGPD, on peut se poser pas mal de questions.
Dans un communiqué de presse faisant suite à ces révélations, le Dr Marcus Tan, PDG fondateur de la plateforme nous indique que pour le partage des informations ne s’est pas fait sans le consentement exprès des utilisateurs [2].

Si on regarde de plus près les captures d’écrans publiées par ABC, on constate premièrement que l’utilisateur, lors de la prise de rendez-vous n’a pas d’autre choix que de partager ces informations avec des tiers.

Ensuite, que ce partage d’informations sensibles n’est pas explicitement annoncé, mais qu’il faut consulter non pas les conditions d’utilisations, ni la politique de confidentialité, mais un troisième document intitulé « Procédure de collecte ».
En consultant cette fameuse procédure de collecte :

L’utilisateur peut lire : « Si vous y consentez, nous pouvons également fournir vos informations personnelles aux fournisseurs d'autres produits et services susceptibles de vous intéresser, tels que les services de comparaison d'assurance maladie privée, les fournisseurs de crédit pour les actes d'esthétiques et dentaires, et les fournisseurs de services juridiques ».

Mais à aucun moment l’utilisateur peut faire le choix de ne pas consentir au partage de ses données, s’il veut obtenir son rendez-vous, il doit partager ses données et y « consentir » par la force des choses.
La définition du respect de la vie privée des utilisateurs selon le Dr Tan [2] :

Pour rappel, l’article 7 du RGPD nous dit : la personne concernée par le traitement manifeste de façon libre, spécifique, éclairée et univoque son accord. Comment l’utilisateur peut donner son accord pour un traitement spécifique avec un seul et unique bouton « Prendre rendez-vous », sachant que la prise de rendez-vous est en elle même un autre traitement ? Pour le coup, c’est totalement impossible. De plus, il ne peut se faire de façon libre pour le partage des données avec des sociétés tierces puisque le premier traitement, la prise de rendez-vous l’impose. Et pour finir, ce traitement et ses finalités sont dissimulés au milieu d’un énième document histoire de bien brouiller les pistes et faire en sorte que personne n’en prenne connaissance. On ne peut donc pas dire non plus que le consentement soitéclairé.

Pour moi le consentement « recueilli » n’est donc ni libre, ni spécifique, ni éclairé.

Le Ministre de la santé australien, Greg Hunt, a déclaré que le gouvernement avait chargé la « CNIL australienne » d’enquêter sur cette affaire.

Alors, certains me diront peut-être et encore que le RGPD ne s’applique pas en Australie. Oui, pour les australiens, mais si un européen utilise cette plateforme, le RGPD s’applique bel et bien.
Au delà des droits européens bafoués, cette affaire est une excellente piqûre de rappel sur les réflexions à apporter lors de la mise en place de traitements de données à caractère personnel.


[1] http://www.abc.net.au/news/2018-06-25/healthengine-sharing-patients-information-with-lawyers/9894114

[2] https://healthengine.com.au/press/

Avez-vous apprécié ce contenu ?

A lire également.

Illustration Approche hétérodoxe du concept de risque résiduel

Approche hétérodoxe du concept de risque résiduel

02 juin 2025 - 22:42,

Tribune

-
Cédric Cartau

Vous voulez être le bon élève de l’auditeur 27001 qui vient constater, de visu, comment vous mettez en œuvre un SMSI. Le bon élève, avec les félicitations, le bisou sur le front et le petit papier qui va bien.

Illustration Fondation Santé Service choisit GPLExpert pour un hébergement web conforme au référentiel CaRE

Fondation Santé Service choisit GPLExpert pour un hébergement web conforme au référentiel CaRE

02 juin 2025 - 15:00,

Communiqué

- GPLExpert

GPLExpert rejoint le groupe itp tout en conservant vos interlocuteurs. Fort de 30 ans d’histoire, 160 collaborateurs, 11 agences et 6 domaines d’expertise, qui sont désormais à votre service :

Illustration La cyber et les probabilités paresseuses

La cyber et les probabilités paresseuses

26 mai 2025 - 21:29,

Tribune

-
Cédric Cartau

Récemment, j’ai assisté à la conférence d’un entrepreneur qui propose des prestations de service relatives à des « calculs d’impact ». Oui, dit comme cela, c’est étrange, mais en fait pas autant qu’il y paraît : dans l’idée, si vous disposez d’un budget fixe, entre deux choix de projets cyber (par e...

Illustration Cybersécurité, simuler pour protéger : la force des formations immersives

Cybersécurité, simuler pour protéger : la force des formations immersives

19 mai 2025 - 23:41,

Tribune

-
Christine HEULIN

Dans un secteur aussi sensible que celui de la santé, la cybersécurité et la cyber résilience sont prioritaires. Les séquences immersives intégrées dans les formations à la cybersécurité jouent un rôle essentiel pour préparer les professionnels à faire face aux menaces. Ces approches pédagogiques re...

Lettre d'information.

Ne manquez rien de la e-santé et des systèmes d’informations hospitaliers !

Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire.