Les apports du Dossier Patient Informatisé Millennium dans les pratiques soignantes
01 fév. 2016 - 12:59,
Actualité
- DSIH, Propos recueillis par Bruno Benque
DSIH : Le DPI Millennium est déployé en France depuis dix ans. Avec le recul, quels sont les apports majeurs de cette solution pour les établissements de santé ?
Harold Juillet : Les avantages de l'utilisation de Millennium dans les hôpitaux se matérialisent à plusieurs niveaux. Le Centre Hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM) a par exemple porté attention aux infirmières pour savoir ce que le logiciel avait changé dans leurs pratiques. Les responsables de l’établissement ont remarqué que les infirmières appréciaient Millennium, notamment pour les transmissions ciblées.
DSIH : Quels avantages en retirent-elles en pratique ?
H.J.: Le premier avantage c'est le gain de temps. La direction du CHBM s'est rendu compte que le temps des transmissions ciblées avait fortement diminué. Les heures supplémentaires rémunérées par le passé pour ces séquences ont pu être supprimées. La qualité des transmissions elles-mêmes, plus précises, et la réduction des dépenses ont constitué deux indicateurs objectifs de progrès dans une période où les soignants sont très sollicités. Chacun a plus de temps à consacrer à ses patients, à son métier. La qualité de la pratique de soins est améliorée du fait de la réduction du risque d’erreurs de transmission d’informations.
DSIH : Millennium améliore-t-il également les pratiques médicales ?
H.J.: Millennium y contribue. Au sein du CH de Valenciennes par exemple, Millennium est interfacé à un robot de dispensation nominative des médicaments. Une fois la prescription enregistrée dans Millennium, la machine sélectionne les médicaments, les enveloppe dans des sachets munis de code barre qui sont enfilés sur un anneau propre au patient. Le pharmacien chef de cet établissement a d’ailleurs réalisé, en 2014, une étude sur les impacts de cet outil. Elle a objectivé des gains en qualité pour les patients qui séjournent en gériatrie. Les risques d'erreurs en matière d’administration de médicaments ont été diminués de 90%.
DSIH : Millennium a été déployé en 2015 au CHU de Nantes en remplacement d'une solution concurrente. Comment avez-vous géré l’adoption des soignants et le changement de pratiques ?
H.J.: Ce qui est important pour réussir l’adoption clinique du projet dans ces cas-là, c’est la planification, la mobilisation et la communication. Le CHU de Nantes a établi un plan de communication exceptionnel pour réussir le projet Ulysse. Marqué par la mobilisation de tous les leviers efficaces dans ce domaine, il a également inclus la conception et la distribution d’un livret d'information aux professionnels, pour que chaque soignant puisse y trouver les fonctionnalités relatives à ses missions respectives. Publication également, sur le site intranet de l'hôpital, de guides à visée didactique relatifs à l'utilisation de Millennium. Mobilisation d’équipes de formation et de suivi, en constituant un groupe de 200 "super-utilisateurs" de Millennium, informaticiens et soignants, qui conseillent leurs collègues sur le terrain. Une cellule centrale de 60 personnes dédiée à la réception des appels pour des demandes de conseils ou de renseignements techniques en phase de démarrage a joué également un rôle-clé. Les médecins et les soignants du CHU de Nantes ont ouvert 6 000 dossiers patients assortis de prescriptions multi-modales réalisées dans Millennium lors les deux premières semaines. Désormais il y a plus de 1.6 millions de prescriptions tracées de médicaments dans Millennium par mois ! Pour qu’un Dossier Patient Informatisé soit utilisé de manière adéquate, il est essentiel que la couverture fonctionnelle de la solution soit adaptée, mais également que la mise en œuvre préalable soit parfaitement gérée. C’est le cas au CHU de Nantes.